Appartement de Mitsukuni

Comme l'homme aux longs cheveux ondulés demeurait silencieux, Jezabel en conclu qu'il était en train de le jauger. Après tout, leurs natures de médecins se rejoignaient sur ce point-ci : une auscultation permanente des gens. Cependant, il distingua la même lueur dans les regards de Mitsukuni et de Senjo. Une lueur acérée.

Intéressant... très intéressant...

Dans son laboratoire, il aurait approfondi tout ça. Mais ici, ce n'était pas son territoire. Il fallait tout de même rester prudent. Il s'amusa du soulagement apparent du garçon. Celui-ci avait-il donc cru voir arriver son remplaçant ?

Quelle idée puérile ! résonna une voix rauque dans son esprit.

Le jeune homme porta la main à son front.

Non ! Pas maintenant, Jez...

C'était pas de chance ! Alors qu'il s'attachait à élaborer une ambiance amicale avec ses interlocuteurs, voilà que son frère aîné avait décidé de s'incruster. Cela ne disait rien de bon à Jezabel. Son sourire se crispa légèrement.

Rendors-toi, Jez...

À ton avis, Jezabel, ce gamin a-t-il plus peur que tu lui prennes son copain ou bien que tu le prennes lui ?

Rendors-toi, j'ai dit, Jez ! Je n'ai pas besoin que tu t'en mêles...

À cet instant, une douleur aigüe lui traversa la tête. Le jeune homme eut un sursaut et se pencha en avant, le souffle court.

Je fais ce que je veux ! tonna la voix avec autorité, Dois-je te le rappeler ?!

Arrête ça... Tu vas réveiller Abel...

Mais trop tard, déjà une voix plus douce s'élevait en lui :

Jez, s'il te plaît ! Ne fais pas mal à Jezabel... Laisse-le tranquille...

Non, il ne fallait pas qu'ils se réveillent... Ce n'était vraiment pas le moment de se chamailler ! Ignorant totalement les regards intrigués de ses interlocuteurs, le jeune homme s'adossa au mur et s'y laissa glisser, la tête entre ses bras, concentré sur l'intérieur de lui-même afin de faire cesser les voix querelleuses de ses frères. Mais sans succès. Cette fois-ci, comme ils ne s'étaient pas manifestés depuis longtemps, ils paraissaient fortement désirer se rattraper.

Mitsukuni n'était pas très heureux de cette intrusion... Lui, il aurait juste voulut rester avec senjo tranquillement et passer la journée à ne rien faire mais vraissemblablement, ça n'était pas ce que voulait cet homme qui le cherchait... plutôt inquiet et surpris, Mitsukuni devint glaciale et distant... Il ne se détendit guére quand il apprit ce que Jézabel voulait. Il détestait qu'on donne son adresse, qu'on vienne le trouver ou autre! Il voulait juste rester tranquille loin des problèmes...

Alors comme ça il était réputé? Bien, mais il s'en foutait royalement lui! Il voulait juste rester anonyme et tranquille... Mais voilà que monsieur le chirurgien se mettait à leur faire une voix douce et amicale... Il croyait vraiment amadouer le médecin comme ça? Si oui, il se mettait le doigt dans l'oeil et jusqu'au coude....

Le seme tourna la tête vers son compagnon et son regard s'adoucit un instant avant de revenir sur Jézabel qu'il regarda droit dans les yeux, sans peur, ni chaleur... Non, il ne l'hébergerait pas non plus, il ne fallait pas rêver... Mais l'homme ne cherchait apparemment qu'à s'intégrer à l'hopital et à la ville...

"C'est mon jour de repos, trouvez vous quelqu'un d'autre."

Le ton était sans appel et Mitsu s'apprêtait à fermer la porte plutôt violement quand il vit un étrange comportement chez leur trouble fête... Il se pencha en avant puis se laissa tomber contre le mur la tête dans les mains l'air totalement absent... Mitsukuni soupira et rouvrit la porte...; Il était médecin et son instinct ressortait à chaque fois qu'il voyait un comportement suspect chez le jeune homme.... Mais il pensa d'abord à du cinéma et soupira.

"Ca suffit.... Allez vous en maintenant...."

Mais Jézabel ne bougea pas plus et ne releva même pas la tête... Cela alarma quand même le médecin qui fronça les sourcils et se mit à croupie pour lui relever la tête.

"Senjo peux-tu aller chercher un verre d'eau s'il te plait...."

Que se passait-il donc...

Occupé à maîtriser les voix tapageuses de ses frères, Jezabel ne fit pas attention à ce qui se passait autour de lui.

Taisez-vous à la fin, vous ne voyez pas que je suis en plein travail ?

Menteur de grand-frère, tu préfères parler avec d'autres gens que nous...

Tu nous laisses nous ennuyer alors que toi tu te prends du bon temps, petit frère !

Ils trépignaient chacun à leur manière dans son cerveau : si Jez usait du cri, Abel employait les larmes. Ainsi tiraillé entre crainte et remord, Jezabel perdait le contrôle de lui-même. Une étrange douleur lancinait tout son être.

-"Laissez-moi tranquille, ordonna-t-il à voix haute, "Si vous continuez je ne vous parlerais plus jamais."

Méchant grand-frère... tu nous abandonnes encore...

Rappelle-toi ce que tu nous dois, petit-frère ! Si tu as pu vivre c'est parce-que nous sommes morts !

Leurs paroles lui pétrissaient le coeur comme le ferait une main de métal gantée de velours. Ces dernières lui firent tressaillir le corps entier. De la sueur apparut sur ses tempes tandis qu'il se débattait avec ses consciences.
Pourquoi étaient-ils tous deux si égoïstes ? Pourquoi réclamaient-ils toujours plus ? Jezabel leur accordait pourtant une place si importante en lui ! Et cette place-là, ils la monopolisaient de sorte que personne n'avait pu, ne pouvait et ne pourrait sans doute jamais s'y glisser.

Le jeune homme entendit des mots lointains, trop légers, que les apostrophes de ses frères l'empêchaient de comprendre. Qui donc..?
Soudain, il sentit qu'on lui attrapait sèchement la tête et qu'on lui plaquait une matière rugueuse sur les lèvres. Jezabel voulut protester mais un liquide frais inonda sa bouche, coula malgré lui dans sa gorge. Cette eau, comme jetée à la face de ses frères, interrompit leurs déblatérations. Jezabel rouvrit les yeux. L'homme aux cheveux ondulés, accroupi devant lui, le scrutait avec sévérité et curiosité mêlées. Cela fit remonter en Jezabel des souvenirs réconfortants... Oui, ce regard typique de médecin, à la fois détaché et bienveillant... Un regard qui plonge en vous crûment, qui vous viole presque... mais seulement pour votre bien. Un regard... désinfectant. Sous ce regard-là, Jezabel se sentait toujours purifié.

-"Vous devez être vraiment beau, en blouse blanche..." murmura-t-il dans un sourire.

Mitsukuni ne voulait pas s'occuper d'un bleu.Loin de là! Il voulait qu'on le laisse tranquille mais voilà, pour une fois qu'il avait un jour de tranquilité avec une personne qu'il aimait beaucoup, hé ben non! Monsieur Jézabel était venu pour l'embêter et le blond détestait ça. Il compta donc clore la conversation en claquan,t la porte quand l'homme présenta un signe de malaise.... Si le médecin pensa à du cinéma au début, il fut évident que ça ne l'était pas du tout....

Le jeune homme glissa le long du mur en se tenant la tête... Un grognement s'échappa de la gorge du seme qui vint s'acroupir devant le jeune chirurgien en demandant à Senjo un verre d'eau. Son jeune uke se dépécha et l'aida à faire boire Jezable doucement mais avec une certaine autorité.

"Si vous faites un malaise dites le...idiot...."

Marmona Mitsukuni qui passa une main sur le front du jeune homme transpirant. Il était évident que cet homme allait leur causer plus de soucis que prévu et qu'il allait falloir le laisser entrer dans l'appartement... Mais pour le moment, il se tourna vers Senjo et lui prit la main pour le faire se relever, ne réondant pas à la remarque de Jezabel.

"Bon...A l'évidence il ne nous laissera pas tranquille et puis... il ne serait pasprudent de le laisser comme ça... On va le faire entrer un peu ok...."

Mitsukuni caressa la joue de son jeune compagnon doucement pour poser un baiser sur son front avant de se retourner vers le chirurgien et le prit par le bras pour le lever doucement. Il le fit entrer dans l'appartement pour aller l'assoir sur le canapé et le couvrir d'un plaid.

"Senjo, tu peux prendre les valises s'il te plait?"

Le ton était bien plus doux et calme qu'avec Jezabel, froid et distant.

"Vous prenez quoi pour être dans cet état...."

Jezabel se laissa tirer doucement par le bras et se remit debout. Sa tête lui tournait encore un peu, mais au moins les voix de ses frères se transformaient en de lointains échos.
Quelques instants après, il se retrouva poussé sur un canapé par le médecin tandis que le garçon se démenait à amener les valises à l'intérieur, l'air grognon. Jezabel lui adressa un signe de tête reconnaissant, et l'autre détourna le regard en haussant les épaules.

-"Si vous me soupçonnez de me droguer, je vous assure que je n'en ai pas besoin." répondit Jezabel au médecin.

Ses frères lui en faisaient assez voir de toutes les couleurs pour qu'il n'en demande pas plus. Il poussa un profond soupir et avisa les alentours. L'intérieur de l'appartement était vaste et agréable. Des baies vitrées donnaient sur la ville. Jezabel songea que cela valait le coup de monter tous ces étages pour profiter d'une vue pareille. Cette lumière lui parut plus douce que celle des néons des laboratoires.

Mitsukuni n'était guère heureux de voir cet homme s'incruster un peu plus chez eux... mais il ne pouvait pas le laisser ainsi, faisant un malaise sous son nez... Il soupira et rassura son jeune uke en embrassant son front doucement avant de faire rentrer le chirurgien, se demandant s'il se drogué... Mais apparemment non et cela rassura le médecin qui ne se voyait pas faire rentrer un drogué à l'hopital... Mais bon pour le moment il alla chercher de quoi calmer la soudaine fièvre de l'homme et regarder Senjo.

"Je ne sais pas mais monsieur Kain va nous le dire tout de suite.... Cela lui semble coutumier...."

En effet, il n'avait pas paniqué, ne se mettait pas à pleurer ou autre donc... Cela devait lui arriver souvent... Ca ne commençait guère bien pour lui... Quel hôpital voudrait de lui dans ses cas là?! Mitsu s'en fichait royalement... Lui voulait garder sa tranquilité... Mais pour le moment il passa une main dans ses longs cheveux et ne quitta pas des yeux Jezabel.

"Etes vous malade.... Avez vous des médicaments au moins.... Je ne veux pas que vous rendiez mon compagnon malade!"

Lui chiant? Non absolument pas!!! Il était juste médecin... Et grognon en passant...

Senjo avait porté les valises de l'homme jusque dans l'appartement, mais uniquement parce que Mitsu le lui avait demandé. Le jeune uke ne répondit même pas au signe de remerciement de Jezabel. Les dites valises n'étaient pas des plus légères, et n'étant pas tout a fait remit de ses blessures, Senjo eut un peu de mal à tout ammener dans la salon. Et lorsque Mitsukuni donna la réponse à sa question, Senjo tourna la tête vers lui pour ensuite la reportée vers le fièvreux. Il pencha aussi un peu la tête de côté et songea que comme il était chirurgien il devait opérer, et que s'il avait une "crise" en pleine opération, le patient ne devrait pas en ressortir indemne...

Senjo se coucha sur le dos et sourit en entendant Mitsu dire qu'il ne désirait pas que son compagnon tombe malade. En régle générale le jeune assassin ne souffrait pas des petits rhumes, non, en faite quand il était malade c'était gravement. Senjo était costaux et avait des anticorps qui fonctionnaient à merveilles, même si parfois ils partaient en vacances... C'est une métaphore que le jeune uke aimait bien... Et puis de toute façon Senjo était de ceux qui pensait que tout se passe dans la tête, si on a mal quelque part, on doit se persuader du contraire, et alors tout va bien. Bon c'est vrai ça marche pas toujours, mais bon, ça c'est pas grave!

Senjo commençait à en avoir marre, pas que Jezabel l'ennuyait, enfin si quand même, mais là n'est pas la question, non, en faite il voulait bouger, se dépenser pour se calmer. Et puis, Senjo supposait que Mitsukuni n'avait pas besoin de lui et temps donné que c'était lui le médecin et que l'uke ne connaissait absolument rien dans ce domaine, a part recoudre des plaies... Il attendit encors un peu avant de se lever et de dire:

-"Je reviens, je vais faire le tour du quartier en courant"

Et il ferma la porte pour commencer à descendre les marches à toute allure. Il courrut ensuite à toute vitesse tentant de s'essouffler un minimum, mais parvenant seulement à faire que sa respiration devienne plus rapide... Au bout de quelques minutes il eut enfin terminer, et remonta les marches en continuant à courir. Il arriva en face de la porte en se disant qu'il aurait mieux fait de prendre de clè, maintenant il allait être obligé de sonner! Se qu'il fit... Il était un peu essoufflé et transpirait légerment mais il en avait cure...

Aux intonations injonctives du médecin apparement désireux qu'il s'explique sur son étrange état, les yeux clairs de Jezabel pétillèrent de malice. S'il était malade ? Lui ?

-"Ne vous en faites pas, Shiro-sempai , fit-il de sa voix douce, Mes frères sont juste un peu turbulents... C'est qu'ils sont très fragiles, vous comprenez ? Ce sont mes patients les plus proches et les plus urgents. Plus que n'importe qui, ils ont besoin de vivre..."

Son regard se perdit un instant dans le vague, puis revint vers Mitsukuni. À ce moment, le garçon déclara qu'il allait faire un tour ; la porte claqua.

-"En général, mes frères respectent mon travail. Mais là, ils ne supportaient pas que je parle avec d'autres personnes. Vous connaissez cela, n'est-ce pas Shiro-sempai ? Cette possessivité maladive... Quand cela vient des gens que l'on aime, on se retrouve si faible en face d'elle..."

Senjo avait déssidé de courir pour se calmer, cela fonctionna jusqu'a ce qu'il soit de nouveau en face de la porte de l'appartement de Mitsukuni. Il allait sonner, mais laissa sa main en suspent partagé entre l'envie de rester là sans voir l'autre homme et celle de revoir Mitsu. Il était à peine partit quelques minutes, mais pour lui cela avait parut une éternité... Il appuya finalement sur le bouton et son seme vint lui ouvrir, il l'attira aussi contre lui et le fit s'asseoir à leur côtés. Senjo posa sa tête contre son épaule et écouta ses paroles.

Alors comme ça il était fou? Hem... Ça fait peur un chirurgien fou... Enfin, Senjo supposait que pour allez dans un hopital psychiatrique il ne fallait pas être sain d'esprit... Puis cette histoire de frères qu'est-ce que c'était? Le jeune uke sentit un début de migraine percer, il fronça les sourciles et respira à fond. Senjo n'avait pas spécialement envie que quelqu'un que Mitsu considérait comme dérengé, vienne dans leur appartement. Il ignorait pourquoi, mais Senjo avait de plus en plus de mal à supporter Jezabel... Il poussa un profond soupire et demanda même si cela n'avait rien à voir:

-"Tu veux boire quelque chose Mitsu? Et vous docteur?"

Lui avait soif, c'était assez compréhensible après la course qu'il avait éffectué... Il se leva donc pour aller se servir et éventuellement prendre des verres pour ceux qui désirait un petit rafraichissement.

"Vous êtes quelqu'un d'instable... de dangereux même...
Les paroles résonnèrent dans la tête de Jezabel. En un éclair, des images défilèrent devant ses yeux écarquillés : une salle bondée de monde, des tuniques noires qui le cernaient...

"Jezabel Kain, vous êtes accusé d'avoir tenté des expériences mortelles sur les patients de l'hôpital où vous suiviez votre traitement."

C'est faux... je voulais les sauver...

"Jezabel Kain, vous êtes déclaré dangereux pour vos proches."

Ce n'est pas moi... ce sont mes frères...

"Monstre ! Tu es fou ! Fou !"

Jezabel laissa échapper un gémissement. Pourquoi fallait-il que des inconnus emploient inconsidérément ces mots ? Danger... folie... instabilité... Comme des clés au cliquetis cauchemardesque...
Devenir médecin ? Le comment découlait du pourquoi. Si le jeune homme avait préféré cette voie-ci, s'il s'était acharné à étudier jour et nuit, c'était pour retrouver ce blanc si rassurant des couloirs, des blouses, des néons, sans pour autant être traité comme un fou. Car s'il était traité comme un fou, on lui administrait dans le sang un produit qui faisait taire ses frères. Un produit destiné à les tuer.
Quand Mitsukuni parla des ravages potentiels commis par ses frères, Jezabel lui jeta un regard glacial. C'est alors que Senjo leur proposa de boir quelque chose. Ces simples mots calmèrent le jeune chirurgien. Il retrouva aussitôt son impeccable sourire professionnel.

-"Je veux bien. Merci..."

Il avisa le garçon qui se dirigeait vers la cuisine. Ce merci ne concernait pas uniquement son offre...
Jezabel soupira avant de se tourner vers Mitsukuni.

-"Shirô-sempai, vous êtes quelqu'un de si attentionné... Il n'y a que vous qui puissiez me guider dans ma nouvelle prise de fonctions... Il devient également urgent que je m'installe dans mon nouveau laboratoire."

Le ton de sa voix était redevenu mielleux, paisible, assuré.

Jezabel lança un coup d'oeil suspicieux au médecin. Il lui demandait où se trouvait son laboratoire ? S'il le savait, pourquoi aurait-il frappé à sa porte alors ?

-"Mais c'est à vous de me l'indiquer, Shiro-sempai... Ça ne vous dérange pas si je vous appelle comme ça ? Vous êtes mon aîné dans le métier... J'ai beaucoup à apprendre de vous, de cette attention naturelle que vous prodiguez aux gens..."

Il eut un sourire narquois.

-"Vous aurez beau nier, vous appliquez le serment d'Hippocrate à la perfection..."

Mais jusqu'où vont les limites..?

-"Et si quelqu'un attentait à ce qui vous est précieux, et si ce même quelqu'un avait besoin de soins... que feriez-vous, Shiro-sempai ?"

Jezabel avait ce besoin d'étudier les choses par miroir. Si une question le préoccupait, il fallait qu'il la projette loin de lui, sur une autre personne, un autre contexte. Faire en sorte que cette question préoccupante ne prenne pas trop de place en lui, afin de ne pas gêner ses frères. C'était pour cela qu'il ne pouvait se permettre de demeurer seul. Jamais plus, désormais.

Mitsu avait demandé où se trouvait le laboratoire, mais apparement, Jezabel l'ignorait et était venu pour savoir son emplacement. Bien sûr Mitsukuni ne savait pas et le dit froidement, rajoutant qu'il aussi n'était pas devin. Il ne répondit même pas à la question de Jezabel, se contentant de se redresser et de se diriger vers le téléphone, pour joindre l'hôpital. Senjo suivit un instant Mitsu des yeux, avant qu'ils ne se reposent sur le chirurgien. Les deux hommes étaient seul à présent et surtout en silence. Senjo n'écoutait pas vraiment la conversation qu'avait Mitsu avec son chef, non il était plus occupé à tenter de comprendre cet homme... Il soupira lourdement et dit d'une voix un peu moins froide:

-"Pour la question que vous avez posé à Mitsukuni, vous, vous feriez quoi?"

Pour sa part, Senjo laisserait la personne qui aurait attenté à la vie de ce qui lui était chère, agoniser. Il ne le soignerait pas. Il était claire que le jeune homme n'était pas fait pour être médecin! Par contre il était curieux et voulait connaitre les gens qui s'incrustaient. Il aimait bien être confronté à divers personnes, pour mieux réagire devant la scociété.

-"Veuillez me pardonner si la question paraît indiscrête, mais vos frères, comment sont-ils? "

Il espérait que sa question ai été bien formulée, pour ne pas blesser Jezabel...

Assis les jambes croisées dans le canapé, Jezabel haussa un sourcil étonné. Tiens, le garçon semblait s'intéresser à son cas. Cette question l'avait-elle touché personnellement..?
Ah non, si le miroir lui était renvoyé à son tour, on ne s'en sortirait plus, ce serait une question posée à l'infini...

-"Cela ne m'est jamais encore arrivé, mentit-il en souriant, Et je trouve cette situation intéressante...

Il se rendait bien compte qu'il avait affaire avec des gens peu communs. Au lieu de se laisser docilement prendre par son masque de jovialité et de converser naturellement avec lui, ils faisaient bloc pour ne pas le laisser se glisser dans leur vie, tout en le renvoyant face à lui même. S'il restait plus longtemps ici, l'esprit fragile de Jezabel ne supporterait pas ses propres attaques ainsi retournées contre lui.
La dernière question de Senjo le surprit. Ses frères ? Eh bien, tout d'abord... ils étaient là.

-"Nous sommes des triplés... Nous avons le même nom, donc il est difficile de nous différencier."

Faux... Jez était aussi tempétueux qu' Abel était doux... Et Jezabel, confiné entre eux, qu'était-il au final ?
Il entendit le téléphone raccrocher et se leva quand Mitsukuni revint dans la pièce.

Jezabel acceuillit l'information avec une déception dissimulée. Il ne pouvait pas se permettre de faire languir ses frères... Il aurait été soulagé de pouvoir se terrer au plus vite dans un laboratoire et de commencer officiellement à exercer son métier. Qu'est-ce qui avait pu retarder les travaux, une grève ? Tss, ces travailleurs mécontents qui ne pensaient pas aux autres ! Enfin, on pouvait tout spéculer sur l'origine de cet inconvénient, seule la solution devait compter à présent. Le jeune homme considéra les possibilités qui s'offraient à lui et fit la moue. Un endroit où aller ? Il venait à peine d'arriver dans cette ville, en ayant en plus dépensé ses derniers sous pour le trajet ! Quelle poisse, aujourd'hui !
Mais évidement, il ne laissa rien paraître de ses pensées et arbora une mine rayonnante.

-"Eh bien, je doute que des personnes d'aussi attentionnées que vous et votre compagnon ne me laissent vraiment le choix... Le seul moyen d'honorer votre générosité est de rester ici le temps que le laboratoire soit en état."

Une voix de miel, des yeux pétillants, un sourire éblouissant... trois armes qui lui avaient déjà permis de fracasser toutes les portes qu'il avait trouvées closes. Mais avec cette nature coriace qu'il décelait chez ses hôtes, est-ce que ses manigances seraient efficaces..?

Jezabel écouta poliment ses hôtes énumérer les pièces et les objets et émettre quelques recommandations. Il ne sembla pas aussi surpris que Mitsukuni en découvrant la chambre qualifiée de "bordélique" de Senjo. Son laboratoire était parfois un vrai capharnaüm, à lui aussi, tellement il était concentré sur ce qu'il faisait.
Ce qui l'étonna plus, ce fut que les deux compagnons fassent apparement chambre à part. Ainsi donc, la venu de Jezabel n'était pas tout à fait innoportune... Mais il se garda bien d'avoir l'air de s'interroger là-dessus, conservant son visage d'impeccable neutralité bienséante.

-"Merci, mais je préfère m'occuper seul de mes affaires."

Déjà qu'il était contraint de rester sous le même toit qu'eux, il n'allait tout de même pas déballer sa vie sous leurs yeux. Ce qu'il y avait dans ses lourde valises ne regardait que lui.
Il s'adossa contre le mur du couloir, attendant que le garçon ait fini de ranger.