Des âmes qui s'attirent...
La clé entra sagement dans la serrure, fit quelques tours…L’ombre s’épaississait…Une main se posa sur la poignet de la porte, histoire de vérifié qu’elle était bien fermé…L’ombre entoura le frêle corps qui l’attirait, prête à le dévorer…
« Dégagez! »
Katsuya agita vivement la main au-dessus de sa tête. Elle fit volte-face, pour se retrouver dans ce petit quartier paisible qu’elle habitait depuis le décès de ses parents. Un simple accident de voiture…Depuis sa vie avait complètement changé. Elle avait quitté le Japon, pays qu’elle considérait comme sa véritable patrie. Après tout, elle y vivait depuis ses 2 mois, si ses parents n’avaient pas été français, elle aurait été une pure japonaise…Elle était donc revenu dans son pays natal, comme l’avait voulu son oncle, et sa femme. De hauts bourgeois que Katsuya ne pouvait absolument pas se sentir…Au moins, ils l’entretenaient, mais elle n’avait pas besoin de vivre avec eux. Tout de même, la maison était un peu grande pour une seule personne, mais ces gens n’avaient pas la même notion qu’elle du mot « petit ». Elle était arrivé en France en été, pour s’inscrire dans un beau lycée français…Bref, sa vie n’était plus du tout la même…Si on ne prenait garde à l’ombre qui la poursuivait de si bon matin.
« Mais foutez-moi la paix! »
Elle accéléra son pas, ayant le maigre espoir de les semer.
« Heureusement que personne n’est levé à 7h00 du matin, on me prendrait pour une folle. »
En disant cela, elle croisa le regard d’une vieille dame sur son palier. Cette dernière lui fit un maigre sourire et referma vivement sa porte en s’engouffrant dans sa demeure.
« ça y est, tout les gens de mon quartier vont me prendre pour une folle… »
Elle se retourna…Toujours là…Toujours…Quelques soit les évènements qui parsemaient sa vie…Depuis sa naissance, allez savoir pourquoi et comment, elle voyait toutes sortes de choses surnaturelles sortis de nulle part. Et apparemment, ces « choses » étaient conscientes qu’elle les voyait, alors ils ne la lâchaient pas d’une semelle. Ses parents avaient dû s’adapter…Mais maintenant qu’ils n’étaient plus là, qui allait croire qu’elle avait ces… « visions »? Heureusement, cet été, lors de sa visite de la ville, son regard avait été attiré par une boutique d’antiquité. La jeune demoiselle, folle d’histoire, poussa la porte, faisant sonner une petite clochette et s’engouffrant dans la pénombre de la dite boutique. Un homme grand, svelte, vêtu d’un long kimono mauve avec des motifs fleuris sorti de l’arrière boutique. Il se positionna derrière un petit comptoir pour lui offrir un large sourire.
« Bonjour mademoiselle, vous cherchez quelque chose en particulier? »
En réalité, elle ne l’avait pas vu jusqu’à ce moment. Jusqu’à ce que le son mélodieux de sa voix parvienne à ses oreilles. Elle jeta un rapide coup d’œil à l’intérieur de la boutique en se dirigeant vers le jeune homme. C’était…vide…Complètement…Avait-il fait faillite? Elle s’arrêta devant le comptoir, et put enfin, grâce à la lueur d’une lampe de chevet sur le comptoir, voir le visage de son hôte. Sa peau était incroyablement blanche, elle semblait être…du satin, de la porcelaine…quelque chose d’incroyablement beau, éblouissant et fragile…Ses cheveux, fins, caressant le bas de son visage, étaient au contraire terriblement noir. Mais le plus incroyable était ses yeux. Le droit était mauve et le gauche était jaune…Des yeux vairons…
« Bonjour. Vous…vous fermez boutique?
- Non, qu’est-ce qui vous fait croire ça? »
Il parlait en gardant son sourire, d’une voix calme, mais un peu moqueuse…
« C’est…vide.
- Ah? Pour vous c’est vide? Pour d’autres personnes, c’est une boutique baignant de lumière et pleine d’objets datant de fort longtemps.
- Qu’est-ce qu’il me raconte lui?
- Vous pratiquez le surnaturel? »
Cette question l’avait cloué sur place…Elle avait juste répondu: « Je ne pratique pas. » Elle était si à l’aise avec lui, qu’elle lui avait presque raconté toute sa vie. Elle ne savait pas trop ce qu’il faisait, mais le surnaturel, il connaissait, il devait même sûrement pratiquer…puisqu’il lui avait proposé de trouver un remède à son « petit souci ».
« Petit pour lui. »
« Katsuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu »
A peine fut-elle arrivé au lycée, que Carole, une camarade de classe, lui avait sauté dessus. Allez savoir pourquoi, elle s’était entiché d’elle…Une jolie petite blonde, au forme généreuse, au large sourire…Bref, son opposé…Elle, petite brune aux cheveux jamais coiffé, aux petits yeux noirs, au style un peu gothique…
Encore une journée d’un ennui mortel…La vie en société c’était pas vraiment son truc…En même temps, pas facile qu’en on voyait toujours des trucs bizarres derrière les gens qui vous parlez…En général, au vu des expressions de dégoût ou de terreur sur son visage, les gens la fuyaient, la prenant pour une snob ou elle ne savait quoi…Alors pourquoi donc Carole s’accrochait à elle? Peut-être qu’elle aimait la nouveauté…Aucune importance…Vivement que les cours se terminent, qu’elle puisse rendre visite à Sévo. Elle y restait une heure en générale. Ils parlaient de tout et de rien, mais ça ensoleillé sa journée.
La clochette se manifesta. Sévo cessa ses activités qui paraîtraient louches à n’importe qui. Il quitta l’arrière boutique pour voir son visiteur, même si, vu l’heure, il se doutait que c’était une visiteuse.
« Bonjour.
- Salut! »
Takeshi l’avait vu entrer dans cette boutique d’antiquité. Il n’aurait jamais pensé la croiser ici. Il avait remarqué depuis son arrivée…Il ne lui avait jamais parlé, ne l’avait même jamais approché…Il avait osé la regarder parfois, lorsqu’ils avaient des heures de permanence commune. Elle était toujours accompagné d’une petite blonde…Une certaine Carole s’il se souvenait bien…Elle lui avait déjà adressé la parole…Mais il s’en fichait d’elle…Il ne savait pourquoi, la petite nouvelle l’intriguait…Il poussa la porte, faisant sonner la clochette…
Katsuya, tout comme Sévo, se tourna vers la porte.
« Bonjour! »
Sévo et son sourire « illuminatoire »…
Takeshi lança un regard circulaire au lieu où il était entré…vide…Il n’y avait que la nouvelle, assise sur un tabouret près d’un comptoir, avec un homme, de l’autre côté du comptoir, qui lui lançait un sourire…éblouissant…
Katsuya fixa longuement le jeune homme…Elle avait déjà vu, ça ne faisait aucun doute…Ses cheveux noirs…ses yeux noirs…Ce visage inexpressif…exaspérant…grand…bien plus grand qu’elle…Takeshi! Le tombeur de ses dames et notamment de Carole, qui l’avait saturé d’informations sur ce formidable, somptueux, inoubliable éphèbe qu’était Takeshi…Informations qui avaient toutes quitté son cerveau…
« Vous désirez monsieur?
- Quoique je désire, je ne risque pas de l’avoir ici, votre boutique est vide.
- Qu’il est désagréable ce mec! Peut pas me le voir! »
Le sourire « illuminatoire » de Sévo changea…Il sembla devenir un sourire…maléfique…
« Le voilà le remède.
- Hein?
- Ne crie pas. Mes pauves noreilles…Jeune homme approche. »
Sourire « illuminatoire » le retour! Sévo leva gracieusement son doigt, et fit signe à Takeshi de s’approcher. Ce dernier se posta près de Katsuya.
« Tu connais cette jeune fille? »
Rapide regard en biais.
« Vaguement.
- Elle a des visions…
- Qu’est ce qu’il fait? (vague panique).
- …elle voit des choses surnaturelles…
- Mais qu’est-ce qu’il fait? (panique grandissante).
-…des fantômes et tout ça…
- Mais qu’est-ce qu’il fait bon dieu? (sueurs intense).
-…c’est assez ennuyeux…ainsi, je lui cherche un remède…Et il se trouve, que tu es, un remède!
- C’est im-po-ssi-ble! (cerveau embrumé).
- C’est à dire? En quoi je peux aider?
- Il suffit que tu restes près d’elle.
- Quoi? »
Sourire « illuminatoire » versus regard de haine intense.
« S’il n’y a que ça.
- J’ai mon mot à dire non?
- C’est juste le temps que je trouve mieux. Tu veux bien t’occuper d’elle Ta-ke-shiiiiiiiiiii? »
Sévo tapota la tête de Katsuya, tout en effectuant le super sourire éblouissant à Takeshi.
« Entendu. »
Vainqueur: sourire « illuminatoire ».
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