Appartement de Klein

[-> vient de la maison Dragonfly]

Le trajet s'était fait dans le calme et le silence. Klein n'avait pas envie de l'emmener chez lui, où plutôt, il n'avait pas envie qu'il sache où il habite. Mais comme ils doivent habiter ensemble, cette volonté est réellement illusoire. Klein fait attention à guider correctement l'aveugle contournant les trottoirs et autres dangers du trajet. Il faut que Broken lui fasse confiance, s'il ne fait pas attention et que l'homme trébuche, comment pourrait-i encore plus faire confiance après ? Heureusement, le trajet se passe très bien.

Enfin, son immeuble apparait. Avec une série de marche pour atteindre le premier palier et trois étages de marche pour atteindre son appartement. Heureusement qu'il y a un ascenseur ! Avec délicatesse, Klein l'arrête face aux marches.

"On est devant mon immeuble. Il y a cinq marches à un mètre face à toi."

A la voix et en le tenant il parvient à lui faire monter les marches. Klein ouvrit la porte de l'immeuble et le conduisit dans l'ascenseur. Il appuie sur le bouton du troisième, taisant l'étage à Broken gardant cette information pour lui pour le moment. Il lui dirait si jamais cela devient nécessaire, en attendant c'était l'une de ses dernières formes de protection.

Et enfin, ils furent dans son appartement. Klein était tendu, il observe cet homme en manteau blanc dans sa maison colorée. Il l'a lâché mais reste à côté, près à intervenir.

"Nous sommes dans le salon. Il y a un canapé face à toi, à une mètre cinquante, une table basse à côté et une télévision en face. Si tu longes le canapé, droit devant il y a la porte de la cuisine. La porte d'à côté c'est la salle de bain et les toilettes. Au niveau du canapé, si tu ne part pas tout droit mais à ta gauche, sur ce pan de mur il y a deux portes. L'une mène à ma chambre et l'autre à l'ancienne chambre. Je te laisse découvrir, appelle-moi si tu as besoin d'aide."

Il avait décrit les choses de son mieux en tentant d'intégrer le fait que Broken n'y voit rien.

Le trajet fut un peu long, je n'ai pas l'habitude de sortir autant. Mais avec un guide, ca va n peu mieux. Je n'ai rien heurté, je n'ai pas trop tremblé. Après ce moment interminable il déclare :

"On est devant mon immeuble. Il y a cinq marches à un mètre face à toi."

Il habite ici depuis longtemps, ou il a le compas dans l'oeuil, ou les deux. Doucement je monte les marches, accompagné par lui, et nous entrons. C'est une cage d’ascenseur, il n'habite donc pas au rez-de-chaussé. Il a encore du mal à accepter quelqu'un dans sa vie privé, car il ne me dit pas l'étage. Moi aussi j'ai du mal, cette journée est synonyme de nouveauté et changement. Je hais ces deux termes. On sort de l’ascenseur, le silence continue de s'installer. Puis il me lâche, nous sommes arrivé. Je le sens près de moi, au cas où. Il me décrit sa maison avec la meilleure précision possible. Nous sommes dans le salon, devant : le canapé une table basse et la télé. Tout droit, il y a la cuisine. Je n'ai pas bien saisi où était la salle de bains. Après le canapé, à gauche, je tombe sur les chambres. Des chambres séparés, c'est ce qu'il y a de mieux je crois. Je tends le bras et fait de petit pas en avant. Ma main touche le bout du canapé, et ressers sa prise sur lui. M'étant ainsi donné un point de repère précis, je le longe comme indiqué, et tourne une fois au bout. Je vais assez lentement, mais plus assuré que d'habitude. Je trouve l'une des portes et l'ouvre en demandant :

"C'est la tienne ou l'ancienne, celle-là ?"

Une main reste vissée sur la poignée, l'autre cherche sur le mur l'autre porte. Il y a des obstacles, et des portes proches. Je ne me sens pas trop à l'aise pour être franc. Mais de toute façon, soit l'un soi l'autre devra modifié toute ses habitudes. Lui, qui est fort et aime les lieux douillets, ou moi, qui a besoin de chose sûre et les plus grands espaces. En même temps, je dois apprendre à vivre dans de petites choses. Avec des obstacles aussi, et relativement seul. Peut-être un peu tôt quand même.

En faites, Klein est très doué pour évaluer des distances. C'est un petit don pratique en combat et qui allait s'avérer quasiment vitale pour guide l'aveugle. Heureusement, Broken n'hésite pas trop, il avance doucement et atteins le canapé. Il le longe et tourne vers les chambres. Il atteins sans encombre la porte de la chambre de Klein.

"C'est ma chambre. N'entre pas."

Klein se mordit la langue. Ce n'était absolument pas grave si Broken rentrait dans sa chambre, après tout il ne verrait rien, mais Klein veux garder cette intimité. Avec délicatesse, il s'approche du seme et pose sa main sur son épaule. D'une simple pression il lui indique la direction.

"Voilà, c'est ... l'ancienne chambre."

Klein attends que la porte soit ouverte, lui laissant voir la pièce avant de poursuivre, calculant mentalement les distances avec l'espoir de ne pas se tromper ! La confiance est plus difficile à gagner qu'à perdre.

"La pièce fait 4 mètres par 5 mètres environs. Il y a un bureau à ta gauche, contre le mur et un clic-clac en face. Oh ! Et attention, il y a un tapis au centre de la pièce. Je peux le retirer si tu veux."

En faites, il comptait bien lui mettre son lit et récupérer le canapé en attendant d'acheter un second lit. Il observa Broken, soulager de pouvoir enfin se taire tout en se demandant ce qu'il pensait de la pièce. Une pensée saugrenue lui traversa soudain l'esprit, il n'avait qu'à sortir de la pièce, la fermer à double-tour et adieu monsieur le seme. En changeant la disposition de ses meubles, Broken ne trouverait pas la sortie. Il passa la main dans ses cheveux, gêné d'oser penser ainsi abuser d'un aveugle.

Il espérait clairement qu'ils resteraient ici et qu'ils n'iraient pas habiter dans la maison Dragonfly. Cette maison lui faisait vraiment froid dans le dos. Mais il n'y avait aucune raison vitale pour lui de vivre ici, peut-être que Broken n'arriverait pas du tout à s'adapter dans l'appartement ? L'important étant qu'il essaie.

Il me prend l'épaule et me la serre. Il n'a pas envie que j'entre dans sa chambre. Je le comprends, comme lui tout à l'heure, je suis en train d'entrer dans sa vie. Il me tire un peu d'un autre coté et déclare :


"Voilà, c'est ... l'ancienne chambre."

Merci de prévenir, parce qu'il n'y a vraiment de différence pour moi. Je tâte le mur de la paume de la main. J'esquisse un pas sans vraiment avancer, je ne supporte vraiment pas tout ces lieux inconnus. Aujourd'hui je suis allé dehors, j'ai attendu dans le parc. Et maintenant, me voilà dans l'appartement d'une personne que je ne connais que par les caprices des Dieux. Et cette personne est même venue chez moi. Tous deux avons perdu nos vies personnelles notre intimité respectives. Et lui, en tant que combattant, avait en plus une dignité perdue. Je n'ose pas imaginer sa colère. Malgrès tout, il me donne les renseignements :

"La pièce fait 4 mètres par 5 mètres environs. Il y a un bureau à ta gauche, contre le mur et un clic-clac en face. Oh ! Et attention, il y a un tapis au centre de la pièce. Je peux le retirer si tu veux."

Finalement, j'avais trouvé le courage d'avancer. Je finis par trouver le clic-clac... et aussi par me prendre les pieds dans le tapis. Je me retrouve par terre, mais me relève aussitôt, presque en grimaçant :

"C'est bon. On peut laisser le tapis, je vais m'habituer."

J'ai vraiment perdu toute ma dignité, déjà que j'en avais peu. Je m'assoies sur le canapé à tâtons. Que pouvais-je faire d'autre ?

Klein fit un pas en avant lorsque Broken se prit le pied dans le tapis, tombant au sol, mais il n'eut pas le temps d'arriver à lui qu'il s'était redressé. Peut-être que ce n'était pas plus mal qu'il n'ait pas eut le temps d'intervenir... Broken n'aurait sans doute pas apprécié qu'il le ramasse.

"C'est bon. On peut laisser le tapis, je vais m'habituer."

Cela voulait dire qu'ils allaient habiter ici ? Klein cacha sa joie et passa une main sur son visage, soudain las et fatigué. Pourquoi laisser un tapis qui visiblement dérangeait ? Cela ne servait à rien. Cette pièce allait devenir la chambre de Broken, il fallait qu'elle soit confortable et surtout viable.

"Cette pièce sera ta chambre si on reste ici. Fais-en ce que tu veux. Tu n'as pas à t'habituer, cette pièce doit te correspondre."

Klein est tenté de retirer le tapis sans la "permission" du seme mais ce n'est pas ainsi qu'il le mettra à l'aise. Il l'observe assis sur le clic-clac inconfortable durant un moment. Broken semble touché dans sa dignité, chose que le uke a bien du mal a accepter. Il aimerait savoir comment aider sans que ce qu'il fasse soit pris pour une fausse pitié. Il n'a pas de pitié pour lui. Absolument pas.

"Tu peux rendre la pièce plus ... confortable et tout changeait dedans. Elle est "à toi"."

A lui, totalement, il lui abandonné ce lieu. Klein retire ses sous-gants et se gratte machinalement le dessus de sa main droite. Il a soudain faim, quel heure est-il donc ? En reculant d'un pas, Klein aperçoit la pendule du salon, la matinée est déjà bien avancé. Il se demanda soudain comment Broken faisait pour se repérer dans le temps... Peut-être grâce à la faim justement !

"Tu as faim ? Des préférences alimentaires ?"

Peut-être aimait-il cuisiner ? Klein ne considère pas du tout ce genre d'activité comme impossible pour Broken, juste difficile. Mais avec l'envie et la passion, rien n'est impossible n'es-ce pas ? En faites, Klein a vraiment envie de faire des activités avec le seme, de partager des expériences, d'apprendre à se connaitre... Mais il ne veux pas que Broken se sente oppressé, alors il ne propose pas.

Cette pièce doit me comprendre dit-il. C'est stupide. Une chambre est un lieu, Donc n'a évidemment pas de cerveau. Hors, pour comprendre, il faut des capacités de réflexions, et donc un cerveau. Mais malgré tout, cette pièce devrait m'être assez... agréable. Même si ca reste un peu petit pour moi. Mon ventre grogne un peu. Quelque chose à grignoter ne serait pas de refus, mais je ne sais pas pourquoi je n'ose pas demander. Peut-être est-il trop tôt ou trop tard. A part quand je suis sur scène, je ne prête pas attention au temps.


"Tu peux rendre la pièce plus ... confortable et tout changeait dedans. Elle est "à toi"."

A moi... Oui j'ai bien l'impression que notre choit est fait. Partir de ma maison vide, trop chargée de souvenirs, principalement mauvais. Enfin je crois.Je crois que c'est ce qu'on va faire.

"Peut-être un lit plutôt qu'un clic-clac. Ce serait... plus pratique. Et puis, je dois finir la visite."

Au cas ou. S'il est vraiment trop plein, je ne pourrais pas vivre dans cet appartement. Je crois ue je vais visiter la cuisine après tiens. Même si je n'ai jamais su cuisiner quoi que se soit de ma vie, et c'est pas faute d'avoir essayé. Je n'arrive pas à reconnaître deux produits différent, je me brûle à chaque fois que je cherche les plaques et je renverse les casseroles et poêles. Je me lève et reprends appuis sur le mur, pendant que Klein reprends :

"Tu as faim ? Des préférences alimentaires ?"

Je secoue négativement la tête, je ne supporte pas le sucré, mais je suppose qu'il n'en a pas. Je vois un combattant se nourrir de gâteau. Je frôle Klein en sortant de la chambre, pour essayer de retrouver la cuisine.

"OK pour un casse croûte. Je ne sais pas cuisiner, mais je ne suis pas difficile. En fait, n'importe quoi me va. C'est par là la cuisine, c'est ca ?"

Je trouve en effet la porte menant à la cuisine. Je passe ma main sur les meubles et m'assois près de ce qui me semble être les plaques. Je sais que ce n'est pas vraiment un lieu approprié, mais je préfère être assis.Et si besoin, je bougerais. Il doit y avoir des chaises quelque part, mais pour être franc, je n'ai pas envie de tomber ou me cogner encore une fois. Deux fois par jour, c'est bien suffisant. J'ai décidé de baisser mon cota de chute quotidienne, qui est d'environ trois quand je sors peu, cinq quand je sors beaucoup.

En entendant son seme demander un lit plutôt qu'un clic-clac Klein hocha de la tête avec de s’apercevoir que Broken ne pourrait pas le comprendre. Il poussa alors un soupir las. Il fallait qu'il change vraiment toute ses habitudes. Il murmura plus pour lui même que pour l'acteur qu'il avait prévu d'échanger le clic-clac dès ce soir, il tut le fait que c'était contre son propre lit qu'il allait le faire. Après tout, s'il le fait, c'est de bon cœur, pas pour se faire plaindre ou pour gêner Broken ! Son salaire de professeur à la salle de sport ne lui rapporte pas des milles et des cents mais suffisamment pour pouvoir faire un frais important par mois, il changerait donc de lit le mois prochain. Fin de l'histoire.

Broken le frôla alors qu'il lui annonçait qu'il ne savait pas cuisiner... Adieu les rêves de faire de la cuisine à deux et bonjour la triste réalité qui impose qu'il fasse la cuisine. Il eut néanmoins l'agréable surprise de voir Broken se dirigeait correctement vers la cuisine et s'y asseoir.

"La cuisine ... en rentrant à droite y'a le frigo, à gauche le plan de travail en le longeant l'évier et au bout de la pièce le garde manger. Il y a des placards sous le plan de travail et au dessus tout le long de la pièce."

Pas de préférence alimentaire semblait-il et il avait demandé un "casse-croûte", alors il sortit du pain de mie faute d'avoir pu aller à la boulangerie du quartier aujourd'hui, il y déposa une feuille de salade, des morceaux de poulet froid qu'il avait fait cuir la veille et demanda à l'acteur s'il désirait de la mayonnaise tout en lui annonçant la recette. Dans tout les cas, il n'en avait fait qu'un seul et devait en faire un second pour lui-même. Il pourrait donc en faire un autre si besoin.

Les sandwichs près, il alla les déposer sur la table basse du salon et revient chercher l'aveugle. Sa table basse lui faisait particulièrement peur, toute en verre, en plein centre de la pièce à hauteur de genoux voir en dessous... Parfait pour se prendre les pieds dedans et se blesser !

Klein prit doucement la main du seme, touchant ses doigts pour la toute première fois tout en lui demandant :

"Je crains de devoir changer de table-basse, elle est toute en verre et pas super bien placé mais nous serons mieux là-bas pour manger. Je peux te guider ?"

S'il veut y aller seul, pas de soucis mais Klein veillait au grain bien décider à ne pas laisser Broken se blesser aussi bêtement !

Klein me fait la description complète de la cuisine, mais je reste la ou je suis. Je l'entends sortir des ingrédients et m'annonce à voix haute le sandwich qu'il me prépare. un sandwich salade poulet, auquel il me propose de rajouter de la mayonnaise. J'acquiesce sans un mot et le laisse continuer.Je rajoute très doucement :

"J'espère que ca ne te dérange pas trop...Un combattant, finir en nounou pour vieux."

Je souhaite qu'il n'ait pas entendu. Je ne sais même pas pourquoi je dis ca, il va encore croire que je m'apitoie sur mon sort. Ou pire, il va s'imaginer que j'ai de la pitié !Mais je l'entends qui s'éloigne, et même qu'il sort de la cuisine pour aller dans le salon. C'est donc la bas qu'on va manger... Super encore devoir changer de place. Je m'apprête à descendre doucement du plan de travail ou je suis, quand j'entends Klein revenir. Il s'approche de moi, je le sens. Et voilà qu'il me serre la main, doucement, je dirais même gentiment, mais toujours sans aucune pitié :

"Je crains de devoir changer de table-basse, elle est toute en verre et pas super bien placé mais nous serons mieux là-bas pour manger. Je peux te guider ?"

Je me laisse glisser pour redescendre et serre légèrement sa main. J'ai la gorge sèche. Je crois bien que c'est la première fois depuis l'époque ou je ne me repérait pas encore dans la maison qu'on me tiens la main. Je ne compte pas les fois ou il a fallut m'aider à me relever, je parle d'un contact plus volontaire. C'est la première fois... que ca ne me dégoute pas. mais je trouve tout de même le moyen de dire sans que ca me fasse trop mal.

"Bien sûr. Ce ne serait pas trop pour moi. Et... puis-je avoir un peu d'eau après, s'il te plait ?"

ENsemble, nous allons jusqu'à la table et je m'assois sur le canapé. Il est assez moelleux, mais pas trop non plus. Je me penche pour trouver la table basse et et cherche le sandwich de la main.

"J'espère que ca ne te dérange pas trop...Un combattant, finir en nounou pour vieux.
- Qu'es-ce qui te dit que je suis un "combattant" ?"

Klein s'était figé, se demandant jusqu'où aller les capacités de déduction du seme. Il avait déjà comprit qu'il est un combattant, s'il doit lui faire un mauvais coup, il le rendra donc en compte... Rien ne sert de nier et il ne le fera pas. Mais il aimerait vraiment pouvoir savoir jusqu'à quel point il doit dissimuler son intimité.

Broken lui serre les doigts ... quel poigne. Klein détourne le regard, gêné et le conduit jusqu'au canapé avant de repartir chercher deux verres et une bouteille d'eau. Sur le ton de la conversation, il tente de signaler que "la nounou pour vieux" a au moins le même âge que lui, si ce n'est plus. Klein n'a pas honte de son âge, il est jeune encore.

L'aveugle cherche à tâtons sont sandwich, le combattant hésite un moment à pousser le dit sandwich du bout des doigts pour que Broken l'attrape plus rapidement mais il n'a pas pitié de lui. Il attends simplement qu'il l'ai saisit pour lui souhaiter un bon appétit et mordre avec appétit dans le sien. D'une main, il soulève la bouteille d'eau et remplit un verre.

D'une main plus délicate que nécessaire, il frôle celle du seme et la conduit jusqu'au verre.

"Ton eau."

Et comme si de rien n'était, cachant son trouble, il continua de manger. Était-il réellement dans son appartement, entrain de grignoter avec son seme comme si de rien n'était ? Cela lui semblait sur-réaliste ! Comme dans l'espoir d'un traité de paix, Klein annonça :

"Je suis professeur de boxe ... pieds et poings. D'ailleurs, je crois que ce serait bien qu'on fasse une activité ensemble pour apprendre à ce connaitre. Es-ce que ca te tenterait ?"

Pour enseigner à un aveugle il allait devoir revisiter entièrement ses cours mais à un passionné rien d'impossible ! Il imaginait déjà les modifications à faire pour être plus efficace. Un vrai exercice de prévision qui l'amusait particulièrement. Il espérait simplement que Broken ne pense pas qu'il se moquait de lui, parce que ce n'était absolument pas le cas.

"Il faudrait adapter un peu le cours, mais ca ne devrait pas poser de soucis."

Il avait les clefs de la salle, ils pourraient même y aller en dehors des cours, lorsqu'il n'y a personne. Mais en tant qu'acteur être vu ne devrait sans doute pas lui faire peur et puis, ce serait extrêmement pédagogique pour ses élèves de revoir les coups d'une façon différente et de les ressentir différemment ! En plus, Broken avait l'air de tomber assez souvent, lui apprendre à tomber de façon correcte pour éviter qu'il ne se blesse serait un grand plus.

Je fini par trouver ce sandwich. Klein me souhaite un bon appétit, et je l'entends commencer à manger juste à côté de moi. Je le remercie dans un souffle et croque à pleines dents dans mon repas. Il m'a dit qu'on avait environ le même âge... Je m'en doutais, mais je ne peux évidemment pas dire son âge exact. Entre 20 et 25 ans c'est tout. Pendant que je continue de mâcher mon bout de pain, j'entends quelque chose couler. Il guide ma main jusqu'à un verre et m'annonce platement que c'est mon verre d'eau. Je le remercie et pose mon sandwich pour boire un peu. Le liquide calme ma gorge irritée. Sentir quelqu'un aussi près de moi, ne pas avoir envie ou besoin de l'éloigner, de rester seul. Je n'ai jamais été angoissé comme ceci. D'ailleurs je n'ai été angoissé qu'une fois, c'est quand le Dieu m'a annoncé l'arrivée prochaine de mon uke, de Klein. Je n'ai pas envie de parler, mais le silence s'installe, lourd et pesant. Puis cassant ce vide oppressant Klein dit :

"Je suis professeur de boxe ... pieds et poings. D'ailleurs, je crois que ce serait bien qu'on fasse une activité ensemble pour apprendre à ce connaitre. Es-ce que ca te tenterait ? Il faudrait adapter un peu le cours, mais ca ne devrait pas poser de soucis."

Faire du sport ? Cette chose que mon père a toujours choisit à moi, au point de me laisser ? Sérieusement, le sport me répugne. Mais Klein a raison : comment serions nous capable de nous entendre si nous ne faisons aucune activité commune ? Mais prendre des cours de sport, non, je ne supporte pas. Je finis en vitesse mon sandwich et réponds sèchement :

"Même s'il est vrai qu'on devrait trouver des activités communs, je ne ferais pas de sport. Ce n'est pas contre toi, mais j'ai des soucis personnels avec lui. Peut-être du jogging à limite, et encore je ne suis pas sûr... Mais on va bien trouver."

Le souci, c'est que je n'ai rien à proposer. Je n'ai qu'apprendre et jouer sur scène rien d’intéressant pour lui. Voilà une chose à laquelle je n'ai pas pensé : Aurais-je assez de place pour répéter ici ? Le théâtre exige nombreux déplacement, et la scène ne ressemble pas forcément à un intérieur d'appartement.

[attention, 465 mots minimum ]

A sa proposition de faire du sport, Broken eut comme une moue de dégout qu'il confirma bien vite par ces quelques paroles. Il avait un soucis avec le sport ? Alors, ca, ca allait poser problème parce que Klein dédie presque toute sa vie au sport. Il ne fait pas de compétition plus à cause de son statut de uke qui lui retire tout le respect des adversaires qu'autres choses... Bien sur, à sa salle, tout le monde connait sa force et le respecte pour ça, mais en dehors...

"J'espère que tu n'as pas un soucis trop important contre le sport car c'est toute ma vie... Mais peut-être devrais-tu assister à un cours pour te faire une idée."

Il avait dit ça d'une voix basse et profonde, indiquant clairement qu'il ne laisserait personne lui retirer le sport et pas même Broken si ça lui traversé la tête. Mais dans un esprit de conciliation il ajoute assez rapidement d'une voix bien plus douce :

"As-tu besoin d'aide pour répéter tes textes ? Je fais un piètre acteur mais je sais lire.... Enfin, pas le braille a vrai dire."

Klein lâcha un petit sourire tout en débarrassant les quelques miettes de pain de la table. Ils avaient déjà terminer le repas, cela avait été bien rapide... Et dire que dans moins d'une heure il aurait du être avec ses tout petits. Des élèves haut comme trois pommes qui avait six ans pour les plus jeunes et déjà les petits poings serrés comme des pros. Klein ne put lâcher qu'un soupir, rien ne servait de se lamenter dès demain il irait les retrouver.

Allait-il se retrouver à apprendre le braille pour toute activité avec le seme ? Lui qui aime bouger, courir, jouer à des jeux collectifs, sortir ... Mais il n'a pas à se plaindre de Broken puisque ce dernier semble près à le respecter, c'est bien tout ce qui compte !

Mais l'agacement le prenant soudain il ne parvient pas à s'empêcher de dire même s'il le regretta quasi-instantanément :

"Des idées d'activités pour cet aprem ? Sinon, je file, les tout petits m'attendent."

Bien sur, il allait être remplacer mais les plus jeunes n'ont toujours connus que lui et ils sont assez sensible à "son côté uke". Tout cela pour dire que même avec une bonne explication et un prof remplaçant, les enfants le réclameraient sans doute ! D'un autre côté il n'imaginait pas une seule seconde abandonner Broken dans son appartement alors qu'il ne connaissait pas encore bien les lieux et qu'il pouvait si facilement se blesser ! Non, ce serait juste cruel et Klein n'est pas comme ca, mais il n'est pas non plus du genre à s'excuser pour rien alors il se tait. Attendant de voir la réaction du seme.

Klein s'accroche à son sport de manière claire. Il me propose encore une fois d'assister à son cours, et je pousse un long soupir. Au moins, je sais que si je me rapproche de Klein il ne pourra partir. Et même si nous ne nous rapprochons pas, mais ce sera moins agréable. Ce serait comme dans un film que j'ai "vu" en audiodescription. Deux mondes; un d'humain et l'autre de fantômes, qui se côtoient sans se voir. J'espère juste que le fin de notre film ne sera pas aussi saignante. Pour être franc, j'aimerais bien lui sourire, mais de manière naturelle. Hors, être heureux est aussi habituel chez moi qu'il est habituel de trouver un pingouin au Sahara. Il n'y a que le théâtre pour ça. J'entends bien ce qu'on dit de moi : j'ai un coeur de glace, je suis insensible au sentiment humains... Je suis d'accord avec ca. Mais ce n'était pas si gênant pour moi. Non, je ne me penses pas "amoureux" de Klein, mais se serait dommage qu'on ne s'entende pas. Il reprends d'ailleurs plus doucement :

"As-tu besoin d'aide pour répéter tes textes ? Je fais un piètre acteur mais je sais lire.... Enfin, pas le braille a vrai dire."

Je reste là ou je suis et hausse des épaules. Je suis assez mal, on ne m'a jamais vraiment proposé... ce genre d'aide. J'essaye de rigoler mais ca ressemble plus à une quinte de toux. Aloàrs finalement je réponds :

"C'est toujours plus... facile quand on révise avec quelqu'un, mais je ne pense pas que ce soit ta tasse de thé. Je ne te forcerais pas si tu n'as pas envie. Et si ça t’intéresses quand même, j'ai toujours les textes originaux."

Oui je sais, super réconfortant le gars. Je n'aime vraiment pas sortir, mais je ne me vois pas non plus enseigner le braille. Et ça ne doit pas lui aller non plus. Peut-être vais-je vraiment me mettre au combat ? Non décidément, ce n'est pas fait pour moi. Je répète pour moi :

"Peut-être du jogging.... a la limite, je devrais pouvoir."

Ce n'ai pas franchement extra comme activité commune, mais ça reste ma limite de sport. Je dodeline un peu de la tête avant de me reprendre. Puis Klein reprit avec un ton sec comme le désert:

"Des idées d'activités pour cet aprem ? Sinon, je file, les tout petits m'attendent."

Je me relève en cherchant une idée. Je n'ai pas envie de me retrouver seul, mais l'ambiance d'ici m'étouffe. Finalement, je vais me passer de monde :

"Vu ou on en est, c'est le meilleur endroit pour habiter ensemble, non ? Ca me fera du bien de changer d'air. Alors tu n'as qu'a aller à ton cours. Je pense avoir suffisamment retenu le trajet pour aller chercher quelques affaires personnelles, rien d'important."

En me servant du canapé comme point de repère, j retrouve la porte et, en l'ouvrant, je me rappelle d'un détail :

"Au fait, nous sommes à quel étage précisément ? Tu as "omis" ce point."

Je n'avais pas trop envie de dire "oublier" vu qu'il le savait bien. Mais je n'ai pas envie de dire franchement qu'il ne l'a pas dit volontairement, ce qui est pourtant le cas.

Soudain, le visage de Klein s'éclaira, il semblait revivre. Il allait pouvoir assurer le cours ! Sans un mot il partit dans sa chambre, ouvrit la table de nuit avec le fameux papier si important pour lui : l'autorisation de travail. Il l'avait préparé lorsqu'il avait obtenu son emploi et voilà qu'aujourd'hui il allait servir. Il ressortit de sa chambre rapidement et posa le papier sur la table basse.

Klein réclama le plus poliment possible la signature du sésame. Si le seme refusait de signer ? Tant pis, ça ne l'empêcherai pas d'aller à son cours.

Puis il lui répondit distraitement qu'ils étaient au troisième et lui fourra un double des clefs entre les doigts, ce serai utile s'il voulait revenir... Quoiqu'il doutait sérieusement que le seme parvienne à retrouver sa maison et revenir jusqu'ici ! Au pire il ferait le chemin ce soir pour le retrouver. Pas question de l'abandonner à son sort après tout. Mais pas question non plus de le couver comme un enfant. Il est assez grand pour signaler lorsqu'il a besoin d'aide.

Sans plus attendre, Klein partit. D'abord à petit foulée, puis il fit un sprint et enfin, il arriva à la salle de sport sans encombre. Il fut accueillit par les autres professeurs, tous des seme il faut l'avouer. Il raconta platement ce qui s'était passé le matin même. Comme il s'y attendait, ils furent compatissant. Malgré son statut de uke, il a la force et la détermination d'un seme à tel point qu'il en a gagné le respect.

Il finit de s'échauffer et fit cours à ses petits élèves. Lohan passa son temps à faire des bêtises, poussant, embêtant, déconcentrant ses camarades. Matiss avait deux pieds gauches et tomber tout le temps sur les fesses. Mais dans l'ensemble le cours se passa bien. Tous progresser doucement mais surement. L'important étant de leurs donner une maitrise plus importante de leurs corps et qu'ils prennent confiance en eux. Le genre de chose qu'il faudrait pour Broken en sommes.

Le cours se termina dans la joie et la bonne ambiance, comme il avait commencé. C'était son seul cours de l'après-midi officiellement mais il prit le temps d'aller vérifier l'entrainement de plusieurs des compétiteurs. Conseillant tour à tour de s'entrainer davantage à l'utilisation des genoux, des coudes et autres. Le temps passa sans qu'il ne s'en rende compte et soudain il vit qu'il était déjà huit heures trente du soir ! A l'extérieur, la nuit tombait, il était plus que temps de rentrer.

C'est en courant doucement qu'il rentra jusqu'à chez lui. Il poussa sur le bouton du troisième et s'arrêta devant sa porte, se demandant soudain ce qu'il trouverait à l'intérieur. Broken avait il trouvé sa route ? Si oui, qu'avait-il ramené avec lui ?

Il poussa la porte et appela : "Broken ?"

Bien sur,j'avis oublié. Klein me demande de signer le papier d'autorisation, ce que je fais sans hésiter. Puis il m'annonce que nous sommes au troisième et me donne quelque chose. Je le serre un peu, ce sont les clés. Je suis vraiment distrait aujourd'hui, je dois me concentrer. Pour l'instant, ne changeons rien : je ramène juste quelques livres et mon jus de fruits. Je prends l’ascenseur à tâtons, puis descend les marches du seuil. C'est là que ça se corse. Une main en permanence sur le mur des maisons ou les grilles des jardins, je retrouve petit à petit le chemin de ma maison... ou plutôt mon ex maison.
J'ouvre tranquillement la porte et au lieu de cherche les biens que je garderais, je monte les marches rapidement et entre dans ma chambre... ou mon ancienne chambre. Je me laisse plonger dans mes draps un instant, recueillant les meilleurs souvenirs de cette existence seule. Je les sélectionnes un par un avec douceur, comme des oeufs à couver. C'est le plus important, les souvenirs. Une fois ceux-ci gardés bien au fond de mon cerveau, je me relève et monte encore, pour aller à la bibliothèque. J'ai énormément de livres, la plupart de sciences, quasiment tous en braille. Mais aujourd'hui je n'en prendrais que quelques-uns. Après un long moment dans les rayons, à balancer entre chacun de ces livres je finis par en choisir 10 : 4 livres de sciences, 4 romans et 2 autres romans que je n'ai pas pu recopier en braille. Je le ferais à la maison, enfin ma nouvelle maison. Je redescends cette fois avec ma lenteur caractéristique pour mieux apprécier mes derniers instants ici. Oh et puis je dramatise un peu là ! Je vais avoir besoin de temps pour vendre cette maison, je pourrais revenir entre temps. Je ramasse mes textes, originaux comme braille, trouve un sac assez grand pour tout mettre et je ferme la porte comme on enfermerais son passé, hormis les souvenirs dans mes poches.
Le trajet du retour est beaucoup plus long qu'avec Klein. Sûrement parce que je me suis pris un poteau en pleine tête vers la fin. Des gens se sont approchés de moi, demandant si j'allais bien, si j'avais besoin d'un coup de main. Je leur dit froidement de dégager et m relève raidement. Trop, ça me donne mal à la tête. Quelqu'un me prévient que je saigne au front, et je réponds à quel point je m'en moque. J'aurais du faire plus attention, je n'ai que ce que je mérite. J'ai la tête qui tourne de plus en plus, je vais un peu plus vite sans cesser de m'appuyer contre les murs. Enfin je retrouve cet immeuble, et me dépêche de monter pour soigner ma blessure. Déjà dans l'ascenseur je me touche le front pour trouver ma blessure, au côté gauche. Comme on m'a dit: c'est un peu enflé et ça saigne, rien de grave.
Dès que j'entre, je mets en quête de la salle de bains et surtout d'un bandage. Une fois la blessure passée à l'eau et arrangée, je retourne dans ma chambre pour poser les livres en vrac et en commencer un de mes romans favoris "Métamorphose du coeur" . Alors que j'en suis à la toute fin j'entends quelqu'un rentrer et la voix de Klein m'appelant. Je me lève à tâtons et retourne dans la salle principale :

"Je suis là. Alors ton cours ?"

Il parait que se renseigner sur les activités de son partenaire aide à mieux s'entendre. Enfin c'est ce que j'ai entendu dans une émission radio, maintenant je passe à la pratique, c'est différent. Je ne parle pas de ma mésaventure sur la route, il va bien le voir lui-même.

Heureusement, Broken avait retrouvé le chemin de l'appartement et l'y attendait. Sinon il aurait du partir à travers toute la cité à sa recherche, en espérant qu'il ne fasse pas de mauvais rencontre : après tout, la nuit est entrain de tomber ! Mais Broken avait réussit ce qui impressionner réellement le uke mais lorsqu'il se retourna, Klein s'aperçut qu'il portait un second bandage, au dessus de celui qui couvrait ses yeux. C'était-il blessé ? Klein referma la porte derrière lui dans un claquement sec.

Il s'approcha de l'aveugle tout en observant ce qu'il avait ramener, des livres aux pages blanches. Il lâcha son sac dans l'entrée et le poussa du pied pour qu'il ne soit pas au milieu du chemin. Le regard malicieux et la voix douce il lui demanda :

"Ca s'est bien passé .... Dis-moi es-ce que ce n'est pas moi qui devrait revenir blessé ?"

Aller chercher des livres VS apprendre la boxe, l'une des deux activités aurait du être inoffensive. Il lui demanda distraitement s'il avait trouvé les cachets contre la douleur tout en observant les livres au pages blanches. Bientôt, il vit les petits ronds de braille. En fonction de sa réponse, il alla chercher les cachets. Après tout, lorsqu'on entraine des compétiteurs on peut rapidement prendre un mauvais coup. Il avait une pharmacie assez chargé du coup, prête pour n'importe quel urgence.

"Oh mais il est tard déjà ! Tu as faim ? ... Spaghetti bolognaise ça te dit ?"

Et en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, le voilà déjà dans la cuisine entrain de sortir tout ce dont il aurait besoin... Casserole, sel, pâte, sauce tomate, steak haché, parmesan... Pas de quoi faire de la grande cuisine mais de quoi se rassasier. Il demanda au seme ce qu'il lisait de beau, dans l'espoir de lancer une conversation sans vraiment y croire. La littérature se n'était pas vraiment sont sujet de prédilection même s'il avait quelques livres dans sa chambre. Des livres techniques sur la boxe bien entendu mais également quelques bandes-dessinées et quelques romans plus rare.

"Où es-ce que tu trouves tes bouquins ?"

Simple question rhétorique, si jamais il avait à lui faire un cadeau un jour ... autant savoir où chercher ! Oui, Klein se préparait déjà à avoir certaine attention pour Broken. Après tout, ce n'était pas grand chose et ça permettrait peut-être à leur "couple" de fonctionner correctement. D'ailleurs, pour que ca fonctionne il fallait qu'il échange le lit et le clic / clac avant de se coucher. Une opération qui allait être difficile et fatigante sans doute mais absolument obligatoire. D'ailleurs, es-ce que Broken avait pensé à prendre des affaires pour la nuit ? Sinon il lui prêterait des affaires à lui.

Je l'entends qui referme la porte, aurait-il raté mon bandage ? Tant mieux, je dois l'aoir mis n'importe comment, et même le fait de l'avoir me gène. Mais je perds mon illusions quand il me demande s'il n'aurait pas du lui revenir blessé. Evidemment de nos deux activités, ce n'est pas moi qui devrait revenir avec des coups. Je réponds sur un ton qui s'essaye d'être humouristique :

"J'ai perdu un combat de rue contre un lampadaire. Ou un poteau tout du moins...Je suppose que tu vas donc bien."

Le combattant me propose des cachets, mais je refuse poliment, prétextant que je n'ai plus mal. Ce n'est pas totalement faux, mais ma tête continue de tourner, c'est vraiment désagréable. Puis il reprends :

"Oh mais il est tard déjà ! Tu as faim ? ... Spaghetti bolognaise ça te dit ?"

Je reprends mon livre et le continue dans le salon en acquiesçant machinalement m’étonnant qu'il soit tard. Mes livres et mes souvenirs m'ont pris plus de temps que je ne pensais. Peut-être suis-je même tombé dans les pommes lors du choc ? Non, je l'aurais remarqué dans ce cas là. Pendant que je l'entends faire la cuisine, il me demande quel est mon livre :

"Oh.. Il s'appelle Métamorphose du coeur, un superbe roman sur un combattant qui, apprenant qu'il a une grave maladie, décide de se transformer en oiseau... L'auteur a vraiment un style d'écriture formidable. Tu aimes les livres ?"

Je suppose que non, mais on peut avoir d'agréables surprises. C'est une question un peu bête mais je ne voulais plus du silence, alors j'essaye de parler. Au fur et à mesure il me demande d'où viennent mes livres. Je lui explique l'habitude que j'ai prise avec mon "tuteur", le voisin :

"Souvent, quand j'étais plus jeune, je les achetais normaux et on me les lisait... Je recopiais en braille au fur et à mesure. Maintenant, je les commande dans une petite librairie nommée "Le Bazar noir".

Pourquoi lui avoir parlé d'avant ? Il s'en moque ce n'est certainement pas lui qui me fera la lecture. Mais avec un peu de chance, qui sait. Après tout, j'ai deux livres à recopier. Une fois le repas prêt je mange sans prononcer un seul mot. Je ne sais plus de quoi parler, ni même si je doit parler ou non. Finalement à la fin du repas, je demande :

"Alors pour le clic-clac... On fait comment ?"

Au pire ca ne me gène pas de dormir dedans cette nuit, mais ce serait mieux que cette affaire soit réglée au plus vite. Peut-être pourrait-on mettre mon ancien lit, avec l'aide de déménageurs par exemple. Dormir dans mes draps sera sûrement plus facile. Le voisin les avait choisi pour moi "blanc et noir, c'est les couleurs qui te vont" disait-il. Tout ce qu'il m'achetait était de ces couleurs, et aujourd'hui encore je ne demande que des habits ainsi. La force de l'habitude il parait.

"Si besoin je peux le garder un moment, ca devrait aller. Mais bon, ce serait un peu... tu vois ?"

Je ne veux pas lui donner d'obligation. Il pourrait voir ca comme un début à la fin de sa liberté. Je lui demande s'il a des films d'horreur pour changer de sujet. C'est assez originale : un non-voyant qui aime les films d'horreur. Mais s'il n'en a pas ce n'est pas grave, je peux facilement m'en passer.

Klein rit de la blague de Broken, perdu contre un poteau. Effectivement, ça ne devait pas faire du bien. Il confirma qu'il allait très bien, aujourd'hui il n'avait pas prit de mauvais coup ce qui n'était pas forcément pour lui plaire. Après tout, quand on arrive à lui faire mal, c'est que l'élève a comprit parfaitement le cours à tel point qu'il est arrivé à prendre le professeur de court ! Et ca... Klein adore !

Tout en préparant le repas, ils discutèrent.

"J'aime lire, j'y consacre peu de temps et j'ai une bibliothèque particulièrement petite mais j'aime ça oui."

Le bazar noir, il faudrait qu'il se souvienne du nom de la boutique ! Peut-être devrait-il le noter quelques part ? Il fut néanmoins surpris lorsque Broken lui annonça copié lui-même certains ouvrages en braille. Voilà une activité qui devait être impressionnante ! Peut-être voudrait-il qu'il lui fasse la lecture ? Même s'il ne croit pas avoir une belle voix, ni être capable de faire vivre un récit, cela pourrait être sympa comme activité. Et au moins il pourrait échanger sur quelques choses.

"Ne t'inquiète pas, je vais m'en occuper, avant qu'on aille se coucher."

Ce n'était pas la fin de sa liberté, sa liberté il l'a conquise avec un bout de papier et en habitant ici sans que son seme ne semble vouloir violer son intimité. Il avait semble-t-il respecter la porte fermée de sa chambre... Klein ne demande pas plus pour le moment. Pas plus que ce qu'il n'a eut.

Le repas enfin prêt, il servit deux assiettes et les apporta jusqu'à la table basse tout en faisant attention à ne rien tâché. Délicatement, comme s'il s'agissait de petits trésors il déplaça les livres pour être sur de ne pas les abimer. Il frôle encore une fois les doigts de l'aveugle pour lui montrer où se trouve ses couverts et son assiette. Puis il retourne chercher des serviettes et les dépose tout près du seme.

"Des films d'horreur ... euh oui ! Oui, j'en ai quelques uns. Descent, Paranormal Activity, la Colline à des yeux, Saw, Blair Witch ... Ring et quelques autres films asiatiques. Tu aimes les films d'horreur ? Si tu veux, on peut en regarder un ce soir."

Klein observe Broken d'un air étonné, s'imaginant entendre des bruits cauchemardesque, plongé dans l'obscurité sans aucun espoir d'en sortir. Brrr... Ce ne serait vraiment pas son truc ! Ca réussirait à le faire paniquer assez rapidement pourtant il a un certain self contrôle. Mais sans doute parce qu'il avait ses yeux et sa tête pour identifier les dangers !

Tant mieux s'il aime lire. Ca nous fait un intérêt commun, bien qu'il semble y passer beaucoup moins de temps que moi. Il faut dire que j'ai plus de temps avec mes horaires pour le moins légers. Peut-être pourrions nous partager au moins ca. Finalement je le trouve vraiment sympa, et j'ai l'impression d'être accepté. Ce fut plus rapide que je ne l'avais craint.
Il m'a tout de même montré bien délicatement les couverts et le plat. J'ai trouvé ça très bon d'ailleurs, même si c'est simple. Et puis il semble qu'il est une belle liste de film d'horreur : j'ai adoré Paranormal Activity et The Ring, avec un peu d'audio description certes, mais c'est assez effrayant. Je ne rte rien en plus avec ces films là, il ne se passent rien de particuliérement choquant. J'ai etendu grand bien de "la colline a des yeux", mais je e l'ai pas trouvé. Quand je dis à quel point j'aime ce genre de film, certains me plaignent que je ne peux voir les "superbes scènes". Eux je leur accorde, c'est bien dommage. Mais d'autres c'est de vivre "une telle angoisse". Mais ceux la me font rire car, justement, pourquoi regardent-ils ces films si ce n'est pour sentir de l'angoisse, celle là même dont ils me plaignent ? Un aveugle est avant tout un être humain, et lui aussi peut aimer ressentir l'angoisse. Et même je suis moins angoissé à regarder ces films qu'a sortir dehors seul. Entre être enfermé par Jigsaw ou revivre ma sortie de cet après-midi, je choisirais Jigsaw pour la raison qu'il n'existe pas. Mais en regarder un ce soir... oui au fond, pourquoi pas ? Je propose :

"Pourquoi pas un Saw, t'en penses quoi ? Par contre je suppose que tu n'a pas de logiciel d'audiodescription. Enfin ce n'est pas grave, j'en ai déjà visionné quelques-uns."

Il y en a 6 en tout je crois. Lesquels ai-je vu exactement ? Seulement 2 ou 3 vraiment beau. J'aime cette série d'horreur pour les pièges de Jigsaw, des choix, de simple jeu comme il dit. C'est comme "j'ai une pierre dans une main, devines laquelle", sauf que la on se prend une claque si l'on se trompe. Une claque très douloureuse. Le piège dont je me souviens le mieux est nommé "l'ange de la mort", car cette fois on se prends forcément la claque, peut importe la réponse. Je cherche mes livres un instant mais je laisse vite tomber, ils doivent être en sécurité. J'ai confiance en mon uke et je fais de mon mieux pour que se soit réciproque. Quand j'entends le film commencer, je remets mon bandeau en place avant de chercher Klein de la main. J'ai beau me souvenir de notre premier contact au parc, ce matin, les choses ont changé en une journée. Quand je touche doucement sa main, je prends juste modèle sur mes livres : je la glisse sous la sienne en m'approchant légèrement de lui. A-t-il bougé ou non pour que je trouve sa main ? Aucune idée, mais c'est mieux ainsi je crois.

Klein se redressa et alla saisir le coffret de Saw, en réfléchissant un moment il décida de mettre celui qui était le mieux à son sens : le premier.

"Non, je n'ai pas ce genre de logiciel. Qu'as-tu besoin que je décrive ?"

Non, vous ne rêvez pas, Klein comptait bien combler le manque du logiciel en racontant lui-même ce qu'il voyait. Sans être un bon conteur il a ses yeux et il compte bien les utiliser. Après tout, à présent, il voit pour deux.

Assis dans le canapé, jouant avec les télécommandes, il lance le film. Du coin de l’œil, il voit Broken cherchait quelques choses ... sa main ? Visiblement oui puisqu'il finit par la saisir. Il a la peau douce et chaude, sans callosités contrairement à la sienne. Il faut dire qu'à force de taper dans des sacs de sables ... ses poings portaient souvent des petits plaies, sans gravité mais pas des plus agréables.

Broken se rapprocha de lui et Klein hésita à passer son bras autour des épaules fines du seme. Mais il décida qu'il était définitivement trop tôt, il s'était rencontré le matin même ! Alors il toléra cette main dans la sienne tout en lui décrivant tranquillement le film, assez impassible tout en essayant d'être pointilleux.

"Quelqu'un se réveille dans une baignoire. L'eau part dans le tuyau d'évacuation et un truc part avec. Le mec sort de l'eau, il est enchainé au mur. Ils sont enfermés dans une pièce ... on dirait une salle de bain immense, communautaire sans doute, très crade et visiblement abandonnée.... Les lumières viennent de s'allumer ! Il y a un homme blond de l'autre côté, il est lui-aussi enchainé au mur mais il a moins de mou visiblement. Au centre, entre eux deux il y a le cadavre d'un homme. On dirait qu'il s'est mis une balle dans la tête, il a un revolver dans une main, un magnétophone dans l'autre... Dis-moi, s'il te manque des infos ou si j'en dis trop ! Je n'ai pas l'habitude..."

Ce n'était pas simple de ne pas donner son avis ou ses théories et de décrire simplement le film ! Klein est concentré sur son seme et sur le film, près à faire des efforts pour rendre le moment agréable pour tout les deux. Il serre un peu la main dans la sienne, il trouve le moment terriblement agréable. Il observe le visage parsemé de bandage de cet homme et se demande s'il pourra découvrir la couleur de ses yeux un jour... Il était soudain curieux, il a envie de le découvrir.

En tout cas il me laisse serrer sa main. Elle a une sorte de corne, une peau sèche, mais ce n'est pas désagréable. Il me décrit la scène avec une précision incroyable, d'une voix claire mais dure. Un homme dans une baignoire, attaché dans une salle de bains sale et abandonnée avec quelqu'un d'autre... Un cadavre entre eux deux, avec un pistolet et un magnétophone... Je crois bien l'avoir déjà visionné, c'est même le premier si je ne m'abuses, sa simplicité le rend d'autant meilleur. Puis Klein s'interromps pour s'assurer que je suis bien. Je réponds tranquillement :

"C'est normal. Tu t'en sors très bien ne t’inquiètes pas. Décris uniquement les gestes clés, ca ira."

De ma main libre je remonte une énième fois mon bandeau. Il doit être desserré, ce n'est pas possible autrement. Le docteur m'a pourtant dit de toujours le serrer au mieux... Ah oui, je ne lui ai pas parlé de mes visites mensuels... Enfin ce n'est pas grave, je le ferais demain, ou un autre jour. Ma prochaine consultation est dans environ deux semaines, j'ai le temps. En écoutant Klein et le film en même temps je reconnais le passage qui rends ces films si angoissant : les victimes trouvent les cassettes et les écoutent à l'aide du magnétophone du macchabée. On peut dire ce que l'on veut, j'adore la voix de Jigsaw, il parait que sa marionnette est effrayante. Mais bon... Si je pourrait voir un jour, ce n'est pas ca que je regarderais en premier. De toute manière, je ne verrais jamais, les docteurs sont plus que formels. Je sens Klein me serrer la main, elle est chaude est forte. Je sens aussi qu'il me regarde. Je n'ai aucune idée de pourquoi mais c'est un fait, il me regarde. Je lui demande gentiment de resserrer mon bandeau expliquant en vitesse qu'il devait être le plus serré possible. Je fixe devant moi avec moi en perdant un peu de mon impassibilité. Après tout,ce n'est que du cinéma, qui est un cousin du théâtre. Aussi j'imagine toujours que c'est moi l'acteur du film. Il est plus agréable de s'imaginer tueur que victime, même pour un rôle. Je ne me concentre plus que sur le film, et les douleurs qu'ils continuent d'endurer. Voilà le meilleur exemple de la bêtise humaine. Je ne dis plus mot de tout le film, emporté par la bande-son du film et la voix de Klein. Avec ma faible palette de couleur noir clair et noir foncé, j'essaye d'imaginer la pièce, les formes.Bon, c'est loin d'être au point, je crée des formes dans ma tête dont j'ignore le nom. D'ailleurs existent-elles ces formes ? Et puis même avec un sens des formes et de perspectives, tout est en noir, c'est le plus dur. On a beau m'avoir décrit le blanc et le rouge, je suis incapable de les ajouter à mon panel pour autant. Alors que le film touche à sa fin je me cale plus au fond du canapé en baillant. Je suis vraiment fatigué, j'ai hâte que se soit fini, malgré ma passion de ses pièges. Je demande :

"Il reste combien de temps environ ?"

Klein continua la description du film, le voyant d'un œil nouveau et se permettant d'inclure des commentaires sur les physiques des personnages de temps en temps pour que Broken puisse mieux imaginer le film. Cette expérience étrange lui parut particulièrement novatrice et presque initiatique ! Mais alors qu'il était pleinement absorbé par le film et cette main contre la sienne, le seme lui demanda combien de temps le film allait encore durée. Sans voir ses yeux il était difficile de comprendre sa fatigue mais c'est vrai qu'il avait les épaules basses...

"Pas très longtemps... Tu es fatigué ? Je vais te préparer la chambre, je reviens."

Sans un mot de plus, Klein lâcha la main douce et saisit les livres de braille délicatement pour les déposer dans la chambre du seme. Il prit soin de les poser en "évidence" sur le bureau pour qu'ils soient facile à trouver.

Il ouvrit la porte en grand et en calculant mentalement les distances il dut se résoudre à la sortir de son cadre. Il la souleva donc, la sortant de ses gonds et la déposa un peu plus loin au sol. Puis il poussa le clic-clac hors de la pièce et le glissa jusque dans l'entrée pour qu'il ne le dérange pas. Il renouvela l'opération en sens inverse pour déplacer le sommier et le matelas puis il installa des draps propre. Il sortit une seconde couette et trois oreillers qui achevèrent sa préparation. Il ne se permit de souffler qu'une fois qu'il eut terminer de rentrer le clic-clac dans sa propre chambre et d'y avoir installé sa couette.

"Voilà ! Ta chambre est prête, es-ce que je peux te guider ?" demanda Klein en saisissant la main du seme.

Derrière eux, le film s'était arrêté, le menu tournait en boucle, il avait été plus long que prévu. Peut-être que Broken s'était endormit ? Si c'était le cas, il le soulèverait pour l'installer plus confortablement dans son lit, sinon il le guiderait simplement jusqu'à la chambre avant de lui prêter un boxer et un tee-shirt pour être plus a l'aise pour dormir.

"Broken ? Tu dors ?"

Question bête ? Il se concentra sur la respiration du seme pour essayer de deviner avant qu'il ne réponde ou se réveille. D'ailleurs, demain matin, lorsqu'il se réveillerait, il serait sans doute un peu perdu non ? Une nouvelle petite épreuve à venir sans doute. Peut-être ne devrait-il partir qu'après le réveil de l'homme ou carrément le réveiller lui-même ? Klein se rends soudain compte qu'il ne connait rien au rythme de vie de Broken... Mais devoir partir ne lui plait pas autant qu'il l'aurait cru ... il a l'impression de l'abandonner et ce n'est pas une sensation plaisante du tout.

Tant mieux si c'est bientôt fini. Mais j'avoue que c'est dommage qu'il me lâche la main, même si c'est pour préparer ma chambre. Et puis, j'ai quelque doute quand à sa manière de préparer un clic clac avec les bruits que j'entends. Il relooke toute la chambre ou quoi ? Et même si c'est le cas, j'espère au moins qu'il ne rajouteras pas un coup de peinture. Je remarque aucune différence et ca empeste pendant deux jours. Il déboîte je ne sais pas quoi au juste, il déplace ce qui doit être le lit et j'en passe. S'il y avait un déménagement plus que prématuré, il aurait pu m'en parler. Déjà j'entends "le jeu est terminé"
dans le poste et le générique se déroule. Je reste immobile en attendant que Klein vienne me hercher, malgré les bruits étranges. Puis enfin il revint me voir en annonçant que ma chambre était prête et en me prenant la main. Décidément ce doit être le contact humain le plus agréable que j'ai jamais eu. Aussi je ne dis rien et me contente d'écouter sa réaction avec attention. Le résultat :

"Broken ? Tu dors ?"

Je soupire longuement. A-t-on entendu question plus bête que celle-ci ? Comme on l'appelle : c'est la "question ou tu ne peux pas répondre" mais bon, je suis capable du pire. Notamment de me rappeler une réplique de mon avant dernier spectacle ou je jouais un vieillard. Il parait que j'avais la tête qu'il fallait, je suis mal placé pour en juger. Je réponds du même ton fourbu qu'a ce moment :

"Quand bien même se serait le cas, la réponse affirmative ne pourrait être formulée. Alors merci de bien laisser ce genre de paroles saugrenues hors de ma maison... Ce fut l'une de mes répliques sur un spectacle. N'essaye pas de comprendre, moi aussi je la trouve bête."

Sur ce j'accepte l'aide de Klein, et me dirige vers ma chambre. Je me rapelle d'un fait d'une haute importance. Donc je demande à Klein ou sont mes livres, avant de m'asseoir sur mon lit et de lui souhaiter bonne nuit. S'en suit un silence long pour moi, est-il déjà partit ? Au cas ou il serait encore là je rajoute :

"J'suis du genre fermé d'habitude mais la... J'me sens vraiment un humain normal pour une fois, et relativement bien dans ma peau. Finalement, j'trouve qu'on va plutôt bien ensemble, et toi ?"

J'arrive pas à dire plus, ni à m'exprimer mieux que ça. Je m'allonge sur le lit. Un instant je songe à demander si les draps sont noirs, mais je m'y refuse au dernier moment. Pas besoin de l'ennuyer avec ces caprices de gamin. Pendant un instant je songe à retirer mon bandeau. Mais ce serait inutile, débile et peut-être dangereux pour ma santé. Alors à la place, c'est mon long manteau que je retire en reniflant les draps. Ils n'ont que peu de souvenir, contrairement à mes poches que j'ai remplis cet après midi. Finalement, c'est tout habillé, même pas sous mes couettes que je m'endors.

"Alors merci de bien laisser ce genre de paroles saugrenues hors de ma maison..."

Klein se tendit comme un arc, son poing se serra et le petit sourire qu'il abordait disparu totalement. Bien sur, il entendit la suite mais la phrase avait été comme une gifle. Dans "sa maison", non, ici c'est chez lui ! Ici c'est lui qui décide ! Malgré le ton doux de la suite, il resta tendu et triste. Pas ce genre de tristesse où l'on est calme et anéanti, non, cette triste toute particulière qui a un goût de fureur.

Le uke conduisit néanmoins l'homme dans sa chambre, lui indique d'une voix sèche avoir déposé les livres sur le bureau et voilà que Broken le reprend de court en trouvant qu'ils "vont plutôt bien ensemble". Klein ne sait pas trop quoi répondre sur le coup. Malgré sa colère, il se maitrise, il ne faudrait pas tout gâcher ...

"Oui, ca se passe assez bien. Mieux que ce que je craignais en fait..."

Devant lui, l'aveugle se coucha et sembla s'endormir. Il était encore tout habillé mais Klein ne prit pas le risque de s'inquiéter, si c'était pour se reprendre une sale réplique dans la tête ! Il fit donc demi-tour et parti lui-même se coucher. Le clic-clac n'était pas des plus confortable, mais cela suffirait pour le moment.


[JOUR 2]

Son sommeil fut long et lourd. Au petit matin, c'est le BIP, BIP incessant de son réveil qui le fit quitter le monde merveilleux des rêves. Il passa lentement sa main sur son visage et s’esclaffa de rire en se rendant compte qu'il avait rêver d'entrainer l'un des grands champions de ces cinquante dernière année ! Quel idiot il faisait...

Il fila prendre une douche rapide, se prépara et sortit de quoi faire un bon petit-déjeuner. Fruit, lait, céréales, rien d'exceptionnel mais bien assez pour avoir de l'énergie pour la matinée ! Enfin, il se préoccupa du seme, devait-il le réveiller ? Attendre son réveil ? Son premier cours ne commençait qu'à 14h mais il avait l'habitude de passer entrainer les adultes le matin... Autrement dit, il pouvait prendre "une matinée de repos".

Klein décida de laisser le seme vivre sa vie et de vivre la sienne tranquillement. D'abord manger puis il sortirait faire un footing et reviendrai passer le reste de la matinée avec lui. Voilà qui lui semblait honnête ! Il pourrait même changer un peu son trajet habituel pour passer acheter quelques trucs qui pourraient manquer au seme ? Oui, sans doute. Changer de trajet ne lui ferait pas de mal, bien au contraire.

Il remplit son bol de céréale, recouvrit le tout de lait tout en croquant dans une pomme. Comment ça morfale ? C'est qu'il se dépenser lui ! Bon, il faut avouer qu'il est assez gourmand. Pas forcément de sucrerie mais tout de même...

Un bruit plus que dérangeant me sors de mon sommeil léthargique. Pourquoi je ne retrouve plus mes repères, ou suis-je donc ? Il me faut quelques minutes pour me rappeler de ma journée d'hier : Klein, le changement de maison, le film d'horreur. Et que j'ai vexé Klein, pourquoi, comment et à cause de quoi, j'ai totalement oublié. A croire que j'ai bu hier, je ne me souviens quasiment de rien à part le film, et sa main qui serrait la mienne. Le reste était encore plus flou que d'habitude. Mais une chose est clair, j'ai vexé Klein grièvement, et je ne sais pas si j'arriverais à me faire excuser.
Je reste un moment dans ma chambre, a ranger mais livres comme possible, et j'entrepris de remettre mon manteau tout en rangeant mes oeufs de souvenirs dans les livres. C'est comme ca que mon auteur favori tient le coup : en cachant ses oeufs de souvenirs dans ses livres. Mais attention, ce n'est pas un chose à la légère : les oeufs se cassent, ils se couvent sous des manches de pulls. Une fois cette minutieuse opération effectuée, je sors de ma chambre et rejoint Klein dans la cuisine. Il mange un fruit, une pomme ou une poire à l'odeur. Je le salue et demande s'il a passé une bonne nuit d'une voix grave. J'ai déjà une voix sombre, mais je sais la rendre plus joyeuse. J'espère qu'il mettra sa sous le compte d'une mauvaise nuit. C'est avec les odeurs que je retrouve un semblant de repères et même que je trouve la corbeille de fruits et en prends un au hasard. Une mandarine, ca va aller. Je me sens mal, voire comment dire.... géné, je suis géné de ne savoir comment retrouver sa confiance. Si tant est que je l'ai eu un moment. J'ai rien pris hier alors pourquoi je ne me souviens pas de ce que j'ai fait ou dis ?!? Finalement, les excuses les plus claires sont les meilleures. Tout en finissant de peler la mandarine, j'annonce doucement, comme un endeuillé :

"Hier...je ne sais plus ce que j'ai dit, ce que j'ai fais. Mais je t'ai insulté quelque part, je le sens. Excuse moi, des sottises que j'ai dites, si tu en es capable. Sinon... se serait tout naturel."

Non je n'ai rien à dire d'autre. Ni mensonges ni angles arrondi, juste une vérité pure. Une fois ma mandarine finie, je retourne dans ma chambre et ouvre un autre roman : "Les milles et une vies de Billy Milligan". Dedans, j'y ai laissé mes souvenirs de belles rencontres. La première fois que je suis allé à la bibliothèque, le jour ou le voisin m'a annoncé la nouvelle, et m'a fait une omelette pour me remonter le moral. Le jour ou j'est décidé de faire du théâtre, mon tout premier rôle. Quand le Dieu m'a annoncé l'arrivé de Klein. J'ai eu du mal à me décider, mais c'était une bonne décision de le prendre. Car rencontrer Klein fut ce que j'ai eu de mieux. De ma chambre je lui demande si je pouvais venir avec lui au jogging. Ce serait déjà un début pour me rattraper.

La main de Broken est étrangement gracieuse lorsqu'elle vole jusqu'à la corbeille de fruit et qu'elle se saisit d'une mandarine. Klein n'arrive pas à s'empêcher de la fixer, tant et si bien que les excuses le prennent de court. La mandarine est pelée, Broken s'excuse de l'avoir insulté la veille. Le uke, lui, se sent un peu idiot de s'être énervé pour quelques mots mais il prend garde à ne pas se les remémorés, de peur de se vexé à nouveau.

"S'il-te-plait, ne t'excuse pas sans savoir pourquoi. Le jour où je voudrais des excuses, je le dirai et tu seras pourquoi."

Et puis qu'es-ce que des mots ? Broken n'avait sans doute pas fait exprès, et s'il était vraiment désolé, il surveillerait mieux ses mots la prochaine fois non ? En tout cas, c'était l'opinion de Klein qui observa son seme repartir dans sa chambre, sans doute pour lire, sans un mot. Il commençait à bien se repérer dans l'appartement visiblement. Klein sourit tendrement avant de reprendre un masque de neutralité, tout en continuant à dévorer son bol de céréales.

La question le surprit. Broken proposait de lui même de l'accompagner pour un footing ?

"Bien sur ! Tu as des baskets ? Un pantalon assez ample ?"

Klein parla tout en se rendant dans sa propre chambre. Il laissa la porte ouverte pour qu'ils puissent s'entendre et il sortit son pantalon de jogging et ses baskets qu'il enfila rapidement. Il réfléchissait mentalement où il serait le mieux d'aller... A l'origine, il avait prévu d'aller en ville, près du centre, mais les pavés, les passants et les poteaux -grands amis de Broken- constitués beaucoup d'obstacle. Le parc peut-être ? A cette heure ci il n'y aurai que les sportifs, ce serait assez calme. Oui ce serait sans doute le mieux !

"On pourrai aller au parc."

Klein sortit de sa chambre et apporta au seme les affaires qui lui manquait si jamais il lui manque quoique ce soit. Après tout, il a tout en double, si ce n'est en triple. Il toqua à la porte en disant :

"Toc, toc, toc. Qu'es-ce que tu en penses ?"

Il n'entre pas, il reste dans le cadre en bois de la porte. Mais avec un sourire, il ne peux s'empêcher de demander à Broken : "tu me fais confiance ?" tout en lui tendant la main.

La confiance mutuelle, voilà un but qui lui plaisait. Obtenir un degré de confiance assez grand entre eux. D'ailleurs, Klein se demanda s'il devrait tenir la main de Broken en courant ou le lâcher et le guider uniquement par ses mots. Qu'importe, il ferait de son mieux !