maison Dragonfly

Pas faché de rentrer chez moi. C'est à peu près le seul endroit ou je n'ai besoin de personne pour bouger. Le fait que Klein m'est tenu pendant le trajet ne me gène pas. Ou du moins, pas autant qu'avec un autre. Lorsque, dans le parc, il m'a proposé "d'être mes yeux", je n'ai rien pu faire d'autre que d'accepter. Je l'ai donc guidé jusqu'ici mais désormais, c'est comme si je voyait. Les couleurs en moins, certes, mais je connais cet espace et ses formes. Je me libère doucement de sa prise et annonce :

"Voilà ma modeste maison. Prends le temps que tu veux pour visiter. Je vais rester là réviser mon texte."

Je vais jusqu'au canapé, sans plus un seul tremblement dans mes pas. Je m’assois de même sans encombre et prends ma feuille de texte. Je l'ai poinçonné moi-même pendant qu'on me lisait mon texte à voix haute. Maintenant, je le relis tranquillement des doigts. Je n'ai jamais laissé entrer personne d'autre que mon ancien voisin qui s'occupait de moi petit. Je suis plutôt mal à l'aise d'avoir quelqu'un dans mon chez moi, mais peut-être que ce sera bientôt chez "nous". Dire nous me reste en travers de la gorge. 'ai besoin d'un break. Je me lève, papier en main, et me dirige vers la cuisine. Je trouve sans peine le frigo et j'inspecte des mains les bouteilles que j'ai. de temps en temps, j'ouvre au hasard et renifle. Finalement, je trouve du jus de fruits et boit directement à la bouteille. C'est plus facile que de verser dans un verre. J'hurle à Klein, au cas où il est à l'étage :

"Alors qu'en penses-tu ? C'est un peu grand peut-être ?"

Je range la bouteille et retourne au canapé, continuant de lire mon texte. Finalement, on peut trouver des avantages à la cohabitation. Sûrement ça m'éviteras ce silence souvent oppressant quand on est seul. Quoi qu'il ne me semble que peu bavard, comme moi quoi.

Broken les conduisit jusqu'à son appartement et une fois rentré il ne pris pas la peine de faire visiter sa demeure à Klein, le laissant libre d'explorer. Klein était assez géné d'être chez quelqu'un qu'il ne connait pas. Il reste un moment immobile à observer le seme assit, entrain de lire. Il s'agit visiblement d'un texte en braille.

La différence entre ses pas stressé à l'extérieur et ses pas assurés en intérieur est tellement frappante qu'elle dérange le sportif. Comment lui donner confiance en lui à l'extérieur ? Ce problème de sécurité le dérange particulièrement.

Klein finit par se détourner et partir à l'assaut de cette maison qui effectivement et très grande. Trois étages, des pièces immenses. Beaucoup trop grand pour deux personnes à son avis ! Alors pour une seule personne n'en parlons même pas. Aucune décoration n'est présente ici, rendant les lieux particulièrement froid et austère. Rien ne lui semblait agréable, peut-être qu'en fermant les yeux, les espaces harmonieux et bien arrangés lui serrait agréable ? Oui, sans doute, mais il n'est pas aveugle lui et cet endroit ne lui plait pas du tout.

Il est entrain de redescendre lorsque Broken lui cri :
"Alors qu'en penses-tu ? C'est un peu grand peut-être ?
- C'est froid et pas particulièrement agréable pour moi. J'ai l'habitude de vivre dans un petit appartement douillet, tout le contraire d'ici."

Que dire de plus ? Qu'il ne se plait pas ici et qu'il veux partir ? L'aveugle a l'air tellement plus a l'aise ici qu'il se sentirait presque coupable de l'arracher à cette reconnaissance du lieu.

Il observe le seme rangeait sa bouteille dans laquelle il vient de boire au goulot, belle habitude de célibataire ou de couple d'amoureux. Ce qu'ils ne sont plus.

"Qu'es-ce que tu attends de là où on vivra ?"

Il recalcula mentalement le trajet et découvrit qu'en plus ils étaient assez loin de la salle de sport, rendant le trajet un peu trop long à son goût et que le trajet risquait d'être particulièrement désagréable longeant uniquement des routes très fréquentés. Génial, tout était absolument parfait...

Je ne sais pas pourquoi, je me doutais qu'il ne serait pas bien ici. Cela doit faire environ 5 ans que je me suis habitué à la grande taille et au silence qui reste gravé. Mais j'aime bien qu'il fasse frais, j'ai du mal avec les lieux trop chauds, ça m'étouffe. Mais son appartement, bien qu’ apparemment petit, ne semble pas ainsi. Je l'entends derrière moi, proche :

"Qu'es-ce que tu attends de là où on vivra ?"

Je n'ai besoin de rien d'autre pour comprendre que ma grande maison vide et silencieuse ne lui convient pas. Mais moi, suis-je prêt à perdre tout mes repères, le seul lieu dans lequel je marche librement ? C'est comme la première d'un spectacle : j'en ai à la fois une envie débordante et un trac paralysant. Si c'st petit, les meubles sont serrés : je vais me cogner partout à coup sûr. Tout du moins au début. Ensuite peut-être, à force, je saurais les éviter. Voire sûrement vu que j'ai désormais un vrai guide. Alors, ce que je j'attends de la ou on vivra ? :

"Juste y trouver mes repères. Que je puisse me débrouiller seul au moins à UN endroit"

Mon manteau glisse un peu sur mon épaule. Je le remonte en vitesse. C'est la seule chose dont je connaisse la couleur, bien que j'ignore à quoi elle ressemble exactement : blanc, blanc pur. Je repose mon texte sur la table, reprends mes clés et avance vers la porte :

"Alors, fais-moi donc visiter le tien. Qui sait si je pourrais m'y habituer."

J'ouvre la porte sort tranquillement et attends que Klein me rejoigne.

Juste s'y débrouiller ... Il réfléchit un long moment, son appartement est loin d'être un lieu idéal. Il est plus fait pour une personne seule que pour deux. Il possède tout de même un bureau qui pourrait facilement être transformé en chambre d'ami (il y a un canapé dedans). L'endroit est tranquille et assez spacieux suivant les critères de Klein. En faites, à l'origine c'était la chambre, mais elle était trop grande pour lui il avait donc décidé de faire les choses "à l'envers".

"J'ai une pièce, une ancienne chambre qui est assez grande. Il faut la meubler mais elle est ... un peu comme ici en faites."

Mais déjà Broken remonte son manteau blanc et se dirige vers sa porte d'entrée, réclamant à voir son appartement. Klein a soudain envie de refuser mais en se retournant vers les pièces froides ... définitivement, il serait malheureux de vivre ici.

Il rejoint Broken à la porte, le saisit de nouveau par le coude et le poignet, le guidant avec une certaine délicatesse.

[-> suite à l'appartement de Klein ]