A la recherche de décoration

Ils avaient longuement marché dans les rues et Sunao suivait sagement son seme, jetant un coup d'oeil aux boutiques, pour savoir laquelle choisir. Il tira sur la manche de son seme pour l'arrêter et entre dans une boutique, suivit évidemment du seme. Sunao flânait entre les meubles, cherchant la perle rare. Il se stoppa net devant une petite commode, la dévorant des yeux. Elle serait parfaite dans son petit espace privé.

"Vous avez quel âge Aogiri? Que font vos parents? Pourquoi vous êtes devenu un éducateur?"

Il l'appelait Aogiri. Oui il voulait garder la distance, pour l'instant. Et s'il lui posait tant de questions, c'était pour mieux le connaître, pour le cerner, pour le comprendre, histoire de savoir comment se comporter avec lui. Tout en posant ces questions, il ne cessait d'admirer la commode et posa la dernière question qui lui tenait à coeur.

"Je pourrais avoir une pièce pour moi? Un petit coin privé? Et aussi...un double des clés...étant donné qu'on a pas vraiment les mêmes horaires...."

Naoki marchait lentement pour que Sunao qui était beaucoup plus petit puisse le suivre lui et ses grandes enjambées. Lorsqu'il trouva enfin un magasin, Naoki le suivit sans rien dire, après tout il ne s'y connaissait pas vraiment. Son uke sembla arrêter son choix sur une petite commode qu'il contemplait. Bah, ça allait, elle était pas mal et pas trop chère. C'est alors qu'il eu la mauvaise idée de lui poser des questions. Beaucoup trop de questions au goût de Naoki. Question qui nécessitait d'ailleurs plus d'une phrase ou alors une longue phrase. Bref il fallait parler et non seulement Naoki n'en avait pas envie, mais en plus il n'aimait pas ça. Il concéda donc à parler mais il ne répondrait pas à tout. Juste le minimum.

"J'ai 24 ans. Mon père est propriétaire dans un dojo."

Il avait même fait l'effort de faire des phrases complète. Si ça c'était pas de la gentillesse. Mais bon il voulait bien traiter son uke et qu'il se sente suffisamment bien pour qu'il lui obéisse correctement. Donc voilà il faisait un effort. Son autre père était mort, donc plus de métier. Et puis l'autre question, ça serait trop long à répondre et pas intéressant.

Une pièce pour lui ? Et bien il y avait suffisamment de place pour, alors Naoki n'y vit pas d'inconvénient. Un double des clés ? Là ça devenait quand même plus osé comme requête. C'est vrai qu'ils avaient pas les mêmes horaires, que Noaki n'aimerait pas forcément être dérangé quand il dormait, mais dans un premier temps, il voulait tester son uke et voir jusqu'où il allait dans l'indépendance. Les uke ne sont pas censé être indépendant.

"Oui et on verra."

Ce n'était pas très engageant, mais au moins il aurait sa pièce. Il ne voulut pas plus forcer le seme à répondre à ses questions, histoire de ne pas l'énerver, on ne sait jamais. Mais il réessayerait. Quand il serait rentré, la patience n'est pas son truc.

"Pour le salon, il faudrait un canapé, et deux fauteuils, ainsi que deux ou trois meubles pour ranger diverses affaires. Pour la cuisine il faut les trucs habituels, frigo, lave-vaisselle, lave-linge...Pour la chambre, un lit à baldaquin, deux tables de nuits et un ou deux bureaux, ainsi qu'une armoire, grande avec un miroir. Pour la salle de bain, une baignoire jacuzzi et une douche avec porte coulissante. Et moi j'arrangerais ma pièce."

Avec son propre argent.

"Vous avez un bon salaire? Mes envies vous conviennent? A savoir aussi que je préfère les meubles en bois."

Son regard se posa sur un homme un peu plus loin, et il le salua d'un signe de la main, tout en souriant. C'était l'un des clients réguliers du cabaret, qui appréciait énormément les stripteases de Sunao.

"On devrait tout trouver dans ce magasin, et même plus."

Il prit nonchalamment la main de son seme, histoire de ne pas le perdre au milieu de tout ses meubles. De plus, s'il croisait des clients, ils pourraient dire à ses compagnons de spectacle qu'il était heureux avec son seme, que ce soit vrai ou pas. Comme ça, personne ne s'inquièterait.

Naoki apprécia le fait que son uke n'insiste pas plus. Il semblait avoir compris son manque de communication. Du moins il l'espérait. Et puis si ça n'était pas le cas, il faudrait bien qu'il s'y fasse. Il en revint donc à l'essentiel. Naoki écouta patiemment l'énumération de Sunao. Il avait l'air d'avoir un schéma clair et précis en tête et savait ce qu'il voulait. Ce qui arrangeais Naoki qui ne désirait rien de spéciale, si ce n'est le minimum. Après comment c'était , bois, métal, plastique, il s'en contre fichait totalement. Il remarqua alors que le petit avait oublier une table pour manger.

"Table pour manger, chaises, table basse."

Naoki n'avait pas envie de se prendre la tête à faire de longue et belle phrase. De toute manière Sunao n'était pas stupide, il allait comprendre et au pire n'hésiterait pas à lui poser des questions. Un autre avantage du fait qu'il était bavard, s'il ne comprenait pas il le disait. Enfin avantage. Disons que ça compensais sa tendance à bavasser. Fallait bien voir les choses positivement. Pas la peine de se morfondre non plus.
Il vit l'uke faire un signe. Il connaissait la personne apparemment. Bah qu'importe, il devait être sociable lui et donc avoir des amis. Naoki n'avait pas d'ami, mais n'en avait pas besoin. A bien y réfléchir, il n'avait pas non plus besoin d'un uke attitré mais voilà ça il ne le décidait pas. Naoki le laissa prendre sa main. Curieuse réaction quand on pensait qu'il l'appelait par son nom de famille mais Naoki ne chercha pas à décoder cette attitude. Il se laissait faire et comme il ne disait rien, il espérait que le petit avait compris qu'il le laissait s'occuper des achats. S'il était contre quelque chose, il le ferait déjà savoir.

Il avait oubier ça. Bah c'est pour ça qu'ils étaient deux. Ils marchèrent donc entre les rayons, Sunao indiquant à son seme plusieurs meubles qui répondaient par des "hum.." plus ou moins expressif. Mais Sunao finit par déchiffrer le oui du non. Ils finirent donc à la caisse. Sunao inscrivit leur adresse sur un papier.

"Vous nous livrerez tout ça à l'endroit indiqué."

Il sourit. Il commençait à se dire que c'était lui le seme aujourd'hui.

[appart]