[La fourrière]
Occupé à regarder son cadet terminer de s'occuper des gardiens de son côté, Tokui fut surpris par un mouvement qu'esquissa le gardien qui apparemment n'avait été assommé que légèrement. L'homme avançait sa main valide vers son arme et toujours envahi par cette puissante haine Tokui referma ses mâchoires sur la gorge du gardien le goût du sang envahissant sa gueule.
Il releva la tête et le loup noir s'approcha de lui reniflant un instant sa blessure avant de lui faire comprendre qu'il serait là au cas où. Le regard de son cadet était un peu trouble apparemment il s'était pris aussi un mauvais coup qui simplement ne laissait pas de marques visibles. Il garderait lui aussi un oeil sur lui.
Les deux loups prirent donc la fuite en entendant des bruits de pas qui se rapprochaient dangereusement. Tokui chercha à ne pas prêter attention à sa blessure et s’élança rapidement pour qu’ils soient hors de portée des gardiens, son épaule le tiraillait un peu mais il se sentait revivre. Cette puissante haine disparaissait progressivement alors qu’ils s’enfuyaient parmi les nuages. Le jeune loup noir semblait encore un peu sonné par le coup qu’il avait reçu et Tokui garda un œil sur lui. En fait à cet instant ils veillaient l’un sur l’autre, allié pour le moment le temps de fuir.
La fourrière n’était plus à présent qu’une bâtisse lointaine et Tokui se sentait pousser des ailes, il retrouvait une partie de ce qui lui avait manqué lors de son second enfermement. Un air frais qui tranchait carrément avec l’air étouffant de la fourrière, un horizon à perte de vue et non des murs nus et bruts. Jetant un nouveau coup d’oeil à son cadet, il se demandait s’il lui aussi avait déjà vécu un moment de liberté. Ses muscles se tendaient et il avait l’impression de pouvoir courir des mille et des cents … Cependant son épaule le rappela rapidement à l’ordre, il lui en demandait trop pour le moment. Pourtant le grand loup ne s’arrêta pas courant peut-être avec moins d’agilité mais il fallait absolument qu’ils s’éloignent encore de la fourrière, ils puissent trouver un endroit où ils seraient momentanément en sécurité.
Heureusement la balle l’avait entaillé certes profondément mais il ne devrait pas garder de séquelles il fallait juste qu’il trouve quelque chose pour se bander … Or ce n’était pas dans les nuages qu’ils risquaient de trouver de quoi se soigner mais c’était risqué de descendre dans le monde des humains, les gardiens risquaient de s’y rendre aussi. Il connaissait un peu mieux les nuages et ils offraient quelques cachettes. Il avait rarement été « en bas » et ce monde le forçait à rester sur ses gardes en permanence. Il était trop gros pour se faire passer pour un chien errante t à la moindre hésitation les humains pouvaient prévenir la fourrière, bien qu’ils ne sachent pas vraiment qu’ils soient des loups-garous.
Il mourrait aussi d’envie de retrouver sa meute mais il ne pouvait se permettre de les appeler les gardiens les retrouvaient directement … Etaient-ils encore en vie ? Qui s’occupait sa place ? Tant de questions sans réponse qui n’avaient pas quitté sa tête depuis son enfermement. Cependant à ce moment, il se préoccupait aussi de l’autre loup à ses côtés, il fallait qu’il trouve un endroit pour qu’ils soient en sécurité, lui passerait ensuite.
Tokui tourna brièvement la tête pour voir si les gardiens étaient toujours à leurs trousses, il s’était arrangé pour ne pas prendre un chemin droit. Un peu plus rassuré il trébucha son équilibre ayant diminué à cause de sa blessure qui saignait beaucoup moins.
Le loup préféra donc s’arrêter de courir la respiration déjà plus rapide, ils avaient naturellement de l’endurance mais l’enfermement ne les avait pas aidé à s’entraîner. Il fallait qu’ils se reposent un peu et Tokui préféra se transformer afin de parler à son vis-à-vis. Il se retrouva donc assis parmi les nuages une jambe étendue l’autre repliée et jeta un coup d’œil à son épaule, la transformation n’avait pas aidée et le sang séché s’était craquelé refaisant saigner un peu la blessure mais rien qui ne puisse vraiment l’alarmer, ce n’était pas sa priorité actuelle. Il releva la tête vers son vis-à-vis.
« Les gardiens risquent d’avoir du mal à nous retrouver ici mais on ne peut se permettre de trop rester sur place. On a besoin de se reprendre un peu de forme la fourrière nous a affaibli, on ne trouvera rien dans les nuages. Je suis descendu de temps en temps dans le monde « en bas » il est préférable que nous allions pour le moment. Qu’est-ce que tu en penses ? »
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